En route pour l’Estonie, entre galères et découvertes inattendues
Le 22 octobre
Par Sophie, entre l’heure 59 et l’heure 61 d’un trajet en train de 4 jours, 1 heure et 29 minutes entre Irkutsk et Komsomolsk-na-Amur.
Comme je vous l’ai dit dans mon article précédent, arriver à Aluksne a pris du temps, mais au moins j’étais dans un bus direct. Les vraies difficultés ont commencé quand je suis allée me renseignée à la gare routière d’Aluksne pour savoir comment rejoindre l’Estonie et la ville de Tartu, mon étape suivante.
Sur le papier (enfin sur Google Maps), passer par Aluksne pour rejoindre Tartu paraissait une super bonne idée. Depuis Riga, ça me rapprochait drôlement de la frontière, jugez vous-même.
Mais c’était sans compter avec le même facteur qui m’a valut quelques déboire dans le passé (ceux qui connaissent l’histoire auront ici reconnu la référence aux 4 bus et plus de 12h de trajet pour faire moins de 300km au Guatemala) : les locaux n’ont pas les mêmes logiques de déplacement que les touristes.
Ça paraît évident dit comme ça, mais bon des fois on oublie.
Donc à la gare routière, le gentil jeune homme au guichet qui parlai à peine assez l’anglais pour qu’on s’en sorte m’a expliqué qu’il fallait que je retourne à Riga pour ensuite prendre un bus international direction Tartu…
Mouais.
Pas super envie (retournez voir la carte juste au-dessus, on frise le ridicule) !
J’ai donc échafaudé le plan qui a posteriori a été nommé F1 (oui, oui, pour Foireux numéro 1) qui consistait à prendre un 1er bus jusqu’à Smiltene, puis un 2ème bus jusqu’à Valmiera d’où un bus international m’aurait permis d’arriver à Tartu à 22h30.
Vous allez me dire qu’à part la longueur du trajet à cause des correspondances, le plan avait l’air plutôt pas mal.
Oui, mais il vous manque un élément, qui m’a passablement agacé pendant la totalité de mon séjour en Estonie (enfin jusqu’à mon arrivée à Tallinn en fait) : les horaires d’ouverture de la réception des auberges de jeunesse. Mieux vaut être informé à l’avance, elles oscillent entre « A la demande » (comprendre que vous n’avez qu’à appeler en arrivant et quelqu’un se pointe dans les 15 à 20 minutes pour vous ouvrir) et « ouvert de 10h à 18h » avec un numéro de téléphone à joindre en dehors de ces horaires (on le verra, mais les Estoniens ne sont pas très service et relation client).
Quel est le problème ? Tout simplement que depuis ma mésaventure à Cracovie, je n’ai plus de carte sim internationale et à quelques euros les 10 jours de forfait avec un numéro local, j’aime autant vous dire que le Roaming n’est pas inclus 😉.
C’est en arrivant à Smiltene, 1ère étape de mon périple que je me suis rendue compte que si je voulais pouvoir acheter une carte sim Estonienne avant d’arriver à 22h passée à Tartu (où le risque était non négligeable de ne rien trouver d’ouvert) il allait falloir faire une étape supplémentaire en Estonie, à une heure moins tardive de préférence.
C’est donc depuis Smiltene que j’ai monté mon plan parfait. Plutôt que de passer par Valmiera, je pouvais aussi prendre un bus pour Valka, ville du côté Letton de la frontière, puis traverser la frontière à pied jusqu’à Valga, du côté Estonien de la frontière, d’où un bus pourrait m’amener jusqu’à Tartu, carte sim locale dûment activée dans mon téléphone.
La partie la plus magique du plan était qu’en prenant le bus de 12h de Smiltene, je pouvais même arriver à 19h à Tartu.
Et c’est là que Murphy s’en est mêlé.
Le temps que je regarde l’heure, que je me rende compte qu’il était 11h58, que je paye mon café, le bus était partit.
Prochain bus ? A 17h avec en prime un départ de Valga à 21h30 après 3h d’attente, raison pour laquelle cet itinéraire a été nommé F2 (oui, oui toujours pour Foireux Numéro 2).
C’est donc résignée que je suis allée à l’office du tourisme de Smiltene me trouver une occupation pour les 5 heures suivantes et voir si je pouvais y laisser mon gros sac. Finalement ça s’est avéré être la bonne surprise de la journée. Le gars à l’accueil était super sympa, n’a fait aucune difficulté pour garder mon sac, et m’a fourni un plan avec un itinéraire pour découvrir les points d’intérêt de la ville en quelques km et une paire d’heures de balade. Exactement ce qu’il me fallait !
Bon il a fait un temps pourri et je me suis fait rincer (ce qui a constitué un très bon test de mon équipement, aux résultats assez disparates).
Mais j’ai pu découvrir une ville toute mignonne qui a dû son développement au seigneur du domaine à la fin du XIXème siècle, avec notamment l’installation d’un des 1ers barrages du pays.
Ils avaient même leur propre brasserie, aujourd’hui reconvertie en hôtel.
Les principales réalisations du propriétaire du domaine ont été des avancées dans l’agriculture. Un lycée agricole réputé dans tout le pays occupe d’ailleurs les anciens bâtiments.
L’ancien parc privé est maintenant aménagé en espace public avec une base de loisir qui surplombe l’ancien barrage.
A priori très prisée des baigneurs en été, la météo ce jour là ne donnait même pas envie de toucher l’eau !
En tout cas après mes deux heures et demie de balade dans le parc, autour du lac et au détour des chemins, j’étais ravie de retrouver le centre-ville et d’aller manger dans un petit restaurant typique Letton… Un self !
Eh oui, très populaire en Lettonie, le restaurant au format cantine avec le choix entre quelques plats déjà prêt et directement servis dans l’assiette dont on paye le contenu avant d’aller s’asseoir se retrouve dans à peu près toutes les villes du pays.
Puis après avoir discuté quelque temps à l’office du tourisme j’ai pris mon bus direction Valka et j’ai traversé la frontière entre la Lettonie et l’Estonie à pied (j’avoue que je ne m’attendais pas vraiment à passer une frontière à pied aussi tôt pendant le voyage) !
Une fois à Valga, je me suis aperçue qu’en Estonie, il n’y a pas que les auberges de jeunesse qui ont des horaires d’ouverture peu accueillants. Le café de la gare (où j’avais prévu d’attendre) ferme à 18h et la gare elle-même à 20h (ce qui me laissait encore quasiment 1h30 à attendre mon bus dehors dans le froid).
Une fois ma carte sim achetée (c’était quand même le but de la manip), non sans difficulté, j’ai fini par trouver refuge dans un restaurant, puis dans un bar à 15 bonnes minutes à pied de la gare. Petit réconfort, j’ai pu assister à un magnifique coucher de soleil sur la gare et la zone industrielle de Valga.
Sans plus de péripéties, j’ai fini par arriver à Tartu et à mon auberge à 23h, soit 14 heures après être partie d’Aluksne…
En tout cas, me voilà en Estonie !