Komsomolsk-na-Amur, sur les rives gelées du fleuve Amour.
Du 24 au 25 Novembre.
Temps passé dans le train : Tynda –> Komsomolsk-na-Amur : 36h 32min.
Temps cumulé passé dans le train (depuis Saint-Pétersbourg) : 181h 49min (7 jours, 13 heures, 49 minutes).
Par Sophie – Entre le 5 et le 12 Mars – Entre Bangkok, le retour à la civilisation avec ses gratte-ciels et centres commerciaux, et Chiang Mai au Nord de la Thailande.
Etant actuellement en train d’écrire cet article depuis la Thaïlande où il fait plus de 30° depuis 10 jours, ça me fait un peu bizarre de me replonger dans mes aventures Sibériennes, mais à Komsomolsk-na-Amur il a fait (très) froid. Si vous (re)lisez les articles précédents, vous allez me dire que je radote un peu beaucoup ces derniers temps.
En tout cas, et malgré le froid mordant donc, je me suis aventurée dans les rues de Komsomolsk à la recherche de la raison pour laquelle je suis allée errer dans cette contrée lointaine, et accessoirement tellement en dehors de la ligne touristique que personne ne parlait un mot d’anglais à mon auberge, pas même à la réception, le fleuve Amour !
Avant de trouver le fleuve, j’ai découvert cette ville de Sibérie, suffisamment éloignée de tout pour échapper (relativement) à l’architecture communiste. Bon a priori, elle a aussi échappé aux plans d’urbanisme, à l’entretien des routes et des bâtiments et à toute croissance économique des 30 dernières années.
Le principal point d’intérêt culturel de la ville étant le théâtre associé à un centre culturel, dont l’architecture reste assez discutable. Et encore, par un heureux hasard, il faisait beau quand j’y étais, ce qui a permis de mettre quelques couleurs dans le paysage (au moins jusqu’à 16h et le coucher du soleil).
Mais a priori, Komsomolsk n’était pas suffisamment loin pour échapper à la maintenant traditionnelle place Lénine et la statue qui va avec.
Il y a un sujet dont je ne vous ai pas encore parlé, conséquence directe du froid qui règne dans cette partie du monde plus de 6 mois dans l’année, la durée de vie des batteries. Déjà que, comme nous l’avons tous constaté, passés les 6 premiers mois d’utilisation, la batterie de nos smartphones commence à perdre considérablement en efficacité, je vous laisse imaginer la durée de vie (et donc la possible utilisation de mon GPS) de mon téléphone, déjà âgé d’1 an et demi. C’est bien simple : 2 heures en le gardant bien au chaud sous 4 couches de vêtements, rendant l’utilisation du GPS un peu plus compliquée. Même combat avec mon appareil photo, qui a en revanche l’avantage de ne pas être tactile et ne nécessite donc pas que j’enlève mes gants pour prendre des photos, au risque d’en perdre quelques uns dans la foulée.
Je suis donc partie à l’aventure, plus ou moins dans la direction du fleuve, sans GPS en couvant mon téléphone pour conserver sa batterie. Cette méthode a un avantage, elle permet de découvrir des endroits plutôt sympas qu’un itinéraire direct et efficace m’aurait fait rater. Comme par exemple le parc municipal.
Je vous l’accorde, l’entrée ne paye pas de mine, mais une fois à l’intérieur, c’est plutôt sympa et puis ça avait l’air d’être un raccourci qui permettait de continuer à avancer en ligne droite.
J’ai aussi eu la possibilité de me faire de nouveaux amis avec ce magnifique tigre de Sibérie, espèce en voie d’extinction, qu’aucun programme (à ma connaissance) n’essaie de sauver, mais qui reste l’emblème de la région.
Finalement, après avoir errer une bonne heure, j’ai fini par atteindre une voie de chemin de fer et ne sachant pas vraiment si c’était pertinent de la suivre (il y avait peu de chance qu’elle aille se jeter dans le fleuve), je me suis résignée à enlever mes gants pour vérifier l’itinéraire.
Parce qu’il faut bien reconnaître que le principal inconvénient de ne pas utiliser le GPS, c’est qu’il devient beaucoup plus facile de se perdre. Et quand il fait -15° dehors, que la journée avance et le soleil descend sur l’horizon, alors qu’on a pas encore atteint son objectif (en l’occurrence, le fleuve), la pression monte au fur et à mesure que la température corporelle descend.
J’ai quand même fini par l’atteindre ce fleuve et il faut bien reconnaître que le paysage vaut le détour.
Pas de croisière possible à cette période de l’année, le fleuve commence à être pris dans la glace et on peut voir les énormes blocs suivre tranquillement le courant.
Cela dit, ça n’empêche pas de se balader sur les berges aménagées (et qui exploitent à fond le nom du fleuve et son romantisme).
Ni de descendre jusqu’au fleuve, dont une bonne partie est déjà suffisamment gelée pour supporter mon poids (si, si) voilà la preuve en image.
Et si vous doutez encore.
Mais le plus intéressant à regarder en cette fin d’après-midi, c’était les pêcheurs sur la glace, sacrément bien équipés pour résister au froid. Je sais pas si je vous l’ai dit, mais il fait sacrément froid à Komsomolsk-sur-l’Amour.
Après un coucher de soleil magnifique sur la rivière, je suis rentrée à l’auberge.
Auberge, totalement pleine, prise d’assaut par l’effectif complet d’une école de danse venue participer à un concours dans la région. C’est donc au milieu des piaillements d’une bonne trentaine de danseuses entre 8 et 19 ans, que j’ai passé ma soirée. Petit moment sympa quand même quand l’une d’entre elle est venue discuter avec moi… En anglais s’il-vous-plait ! Cette discussion d’une vingtaine de minutes a donc représenté l’intégralité de mes interactions sociales sans google trad interposé depuis mon départ d’Irkutsk 5 jours et demi plus tôt.
Après une bonne nuit de sommeil, j’ai passé la journée du lendemain au chaud en attendant mon train de nuit pour Vanino, escale d’une journée aux confins de la Russie, port industriel en face de l’île Sakhaline dans le détroit de Tatarie (oui, c’est aussi loin de la civilisation que ces noms le laissent penser).
Mais avant de prendre le train, il a fallut aller à la gare et là on touche un autre aspect pratique du voyage avec un sac-à-dos : la place dans les transports en commun. Imaginez-vous avec une valise dans le métro, pas nécessairement à l’heure de pointe, mais avec un peu de monde quand même. Maintenant, transformez la valise en 1 (très) gros sac-à-dos sur le dos et un petit devant, faisant tripler l’épaisseur du volume que vous occupez.
Vous y êtes ?
Et bien maintenant, imaginez devoir subir et faire subir ça à vos voisins de bus/métro/tram tous les deux jours minimum.
Franchement ?
On relativise les distances acceptables pour une petite balade à pied. C’est comme ça que mon seuil de tolérance à « ça va, la gare n’est pas loin » est progressivement passé de 10 minutes de marche à 45 minutes. C’est donc pleine d’entrain que je suis partie par -18° direction la gare, à 45 minutes de mon auberge (en même temps, les sacs tiennent plutôt chaud et ça fait faire un peu d’exercice après tout ce temps passé dans le train).
J’ai même pu admirer la mosquée de la ville en chemin.
Edit du 15 mars suite au commentaire fort pertinent d’Aurélie :
La photo ci-dessous est une des églises orthodoxes de la ville que j’ai effectivement croisée sur le chemin de la gare. Pour la mosquée, c’est la 1ère photo de la galerie à la fin de l’article. A part cette petite erreur (en même temps, c’était il y a un moment), tout ce qui est écrit reste vrai 😉.
J’avoue quand même que j’étais bien contente de poser mon sac et de m’installer dans mon wagon une fois arrivée à la gare.
La voiture numéro 8, fidèle amie de mes longues heures à travers la toundra sibérienne.
Je me suis installée pour la nuit, avec une arrivée prévue à Vanino à 7h le lendemain matin pour partir à la découverte de cette ville, à l’intérêt franchement limité…
Je comprends mieux comment tu supportes ces voyages interminables en train : 45 minutes à pied, par -18 et chargée comme un mulet ça te fait apprécier les quelques premières heures du trajet !
En tout cas tes détours et balades pédestres vallaient le coup : le parc et la mosquée sont magnifiques.
Petite question / étonnement : une mosquée ?! Au fin fond de la Sibérie ?! Il y a beaucoup de Musulmans à KOMSOMOLSK-NA-AMUR ?
– Costaud la glace….
– Un bon thermomètre: à partir de -20°C, les poils du nez gèle car le le souffle ne suffit plus à les réchauffer…
– En bleu, est-ce les avengers russes ?
– Maintenant que tu es en Thailande au chaud, les batteries du GPS doivent durée des jours…
Bisous
Bonjour,
Je voudrais reproduire une de vos photos sur un e-book que je souhaite publier sur Amazon, il s’agit du banc au bord de l’Amour. M’en donneriez-vous l’autorisation?
Merci d’avance,
Joël Hoyaux
Bravo pour vos voyages