Perm, une étape sympathique qui n’a servie à rien
Du 8 au 9 Novembre
Temps passé dans le train : 14h 24min.
Temps cumulé passé dans le train (depuis Saint-Pétersbourg) : 22h 32min
Par Sophie – Le 21 Janvier – A Yangshuo, en attendant que les employés de l’auberge soient de retour de leur excursion pour m’enregistrer.
Généralement ma technique consiste à ne jamais être la 1ère de la file, ce qui me permet d’observer comment font les autres et d’agir en fonction. Pas de chance cette fois-ci, le wagon était déjà quasiment plein quand je suis entrée dans le train qui arrivait de Moscou.Je pense que c’est le moment de vous expliquer un peu le fonctionnement des trains en Russie.
La 1ère règle : ils sont (quasiment) toujours à l’heure, ce que j’ai pu vérifier pendant mon voyage.
Ensuite, il y a trois types de billets dans les trains longues distances :
- Le compartiment avec deux lits : le plus luxueux (et donc le plus cher). Il n’y a que deux lits simples dans un compartiment qui se ferme avec une porte. Un lavabo privé est également disponible. La condition ? Il faut forcément acheter un billet pour le compartiment entier, donc les deux lits.
- Le compartiment avec quatre lits : l’intermédiaire (quand même cher). Un compartiment qui se ferme avec une porte et où quatre personnes peuvent dormir dans des lits superposés avec une table entre les deux lits du bas. Il est possible d’acheter un billet pour un seul lit dans ce cas-là, mais sans savoir avec qui on va voyager.
- Le billet 3ème classe dans le wagon entier où des blocs de 4 lits sont séparés par des cloisons (tout à fait abordable si on considère les distances parcourues). Dans ces wagons, pas d’intimité, deux toilettes collectives, une à chaque extrémité du wagon et un long couloir qui permet de traverser le wagon. Le long du couloir, les lits sont organisés en blocs séparés par des cloisons avec d’un côté quatre lits, 2 en bas séparés par une table et 2 en hauteur, et de l’autre côté du couloir, deux lits, 1 en bas et 1 en haut.
Pour vous faire une idée, voilà à quoi ça ressemble depuis le couloir:
Et le bloc de 4 lits entre deux cloisons :
Au moment où j’ai pris la photo, les couchettes du haut étaient relevées.
Si vous vous posez la question, j’ai voyagé uniquement en 3ème classe dans les wagons collectifs. Déjà parce que c’est pas aussi terrible que ça en a l’air une fois qu’on s’est habitué. Ensuite, parce que lorsque je me suis renseignée sur le train en Russie, un des conseils qui revenait était d’éviter les compartiments à 4 couchettes quand on est une femme voyageant seule. Les Russes ne sont pas pires que les autres, mais inutile de tenter la chance et être enfermée pour la nuit dans un espace clos avec trois inconnus peut être considéré comme tenter la chance.
Mais avant d’en savoir autant sur les trains Russes, il a fallu apprendre de l’expérience et de mes erreurs. Et en cette 1ère fois, je me suis retrouvée un peu désemparée il faut bien le reconnaître, au milieu d’un groupe de gens, avec qui je n’avais aucune langue en commun, dans un train surchauffé (il fait 25° dans les trains russes) avec tous mes sacs et mes multiples épaisseurs de vêtements.
C’est à cette occasion que j’ai pu commencer à me rendre compte de la gentillesse des Russes. Tous mes voisins, plus ceux du bloc d’à côté font partis de la même famille et ils ont pris les choses en main. Les petits-fils ont monté mon sac au-dessus des lits dans la zone de rangement prévue à cette effet (mais fichtrement haute quand même), la grand-mère a poussé ses jambes pour que je puisse m’asseoir sur son lit, le grand-père est allé me chercher des draps et m’a fait mon lit et pendant que la petite-fille essayait de me parler en anglais, la mère m’a préparé du café et un sandwich. Avec tout ça, je me suis rapidement sentie comme à la maison. Une fois bien installée, et le dictionnaire français/russe entre les mains, on a fait plus ample connaissance et on a passé la soirée (et une partie de la nuit) à jouer aux cartes et aux dés.
Je vais vous laisser imaginer le dernier moment de solitude de cette étonnamment bonne soirée, quand il a fallu que je monte dans mon lit, un des lits du haut évidemment. Pour vous aider à vous faire un dessin, retournez à la photo du wagon prise depuis le couloir. Sur la gauche au 1er plan, vous pouvez voir un petit bloc rectangulaire qui dépasse de la cloison. Vous venez de trouver le marche pied, seul et unique marche disponible pour monter dans le lit (et en descendre, j’aime autant vous dire que j’ai pris toutes mes précautions avant d’aller dormir pour ne pas avoir à descendre au milieu de la nuit !). J’ai, par la suite, mis au point une technique plutôt efficace, mais en cette 1ère nuit dans le train, j’ai bien galéré ! Le bon côté des choses, c’est que j’ai fait l’animation du wagon et qu’on a tous bien rigolé.
Une fois aussi bien installée que possible, c’est pas non plus le Ritz et il n’y a pas assez de hauteur de plafond pour s’asseoir sur son lit quand on occupe la couchette du haut.
Les plus observateurs d’entre vous diront que je ne porte pas le même T-Shirt, ça ne peut donc pas être le même voyage. Ils auront raison, cette photo date d’un autre trajet de nuit sur la couchette du haut, mais ça vous donne une idée de l’espace disponible au-dessus de ma tête.
Le lendemain matin (on dort plutôt bien en fait dans un train russe !), après m’avoir offert le petit dej’ composé de crêpes faites maison par le grand-père, ils m’ont même accompagnée jusqu’à la sortie de la gare pour que je trouve mon bus sans problème.
Le truc vraiment chouette dans cette histoire ? On est toujours en contact et on s’échange quelques photos de temps en temps 😄.
J’ai donc fait l’animation du wagon pendant ce trajet, mais la vraie question qu’ils se sont tous posés et qu’ils m’ont posée, c’est « Pourquoi Perm ??? » Parce qu’à Perm, il n’y a rien.
C’est presque vrai. Il n’y a rien à Perm. C’est une petite ville Russe typique où on a l’impression de remonter le temps et de retrouver dans les années 70, notamment avec les transports en commun.
Il faut quand même rendre justice à la ville, ils se modernisent à leur rythme.
La raison pour laquelle je voulais aller à Perm c’est qu’à une cinquantaine de kilomètres de la ville il y a le site Perm-36. Un des derniers Goulags encore debout et le seul à ce jour convertit en musée (en tout cas officiellement 😉).
Et c’est là que la réalité percute le plan et en fait de la bouillie. J’avais prévu d’arriver à Perm à 5h du matin, de déposer mon sac à la consigne à la gare, d’aller visiter le Goulag dans la journée et de repartir par le train de nuit pour ma destination suivante. Simple et efficace.
Bon, je suis arrivée à Perm à midi (j’ai pris le train d’après au départ de Nizhnyi-Novgorod) et j’ai trouvé une auberge pour passer la nuit et prendre le train le lendemain matin au cas où je rentrerai trop tard du Goulag. Sauf qu’une fois installée à l’auberge, je me suis dit que prendre une douche après 15 heures de train me ferait du bien (je confirme, c’était bien 🙂), une fois ma douche prise, je suis allée me renseigner sur comment aller au Goulag à la réception. Et là, un de ces moments « lost in translation » s’est produit. Elle m’a indiqué la gare routière et les horaires des bus, mais une fois arrivée à la « gare routière », ben il n’y avait pas de bus. Pas même de gare routière en fait, j’ai dû rater un élément clé dans les instructions pour y aller !
Le temps de trouver l’office du tourisme, il était déjà 15h00 et c’est là qu’on m’a expliqué que le Goulag est quand même à quasiment 2 heures de bus (Ha…), que la dernière entrée est à 17h15 (Mmm…), qu’il ferme à 18h (Mouais…) et que le dernier bus est à 18h30, ce qui fait un retour de nuit en ville après 20h (Et…), bref elle me conseillait de ne pas y aller ce jour-là.
Donc pas de Goulag. Imaginez ma déconvenue. Parce qu’à part le Goulag, il n’y a pas grand chose à faire à Perm. Ils ont quand même un petit parcours du genre « Suivez la ligne verte » pour faire le tour de la ville et de ses principaux bâtiments.
1er arrêt, une statue de l’animal emblématique de la Sibérie.
Érigée ici pour se moquer des touristes qui pensent que la Sibérie est infestée d’ours, elle est quand même assez impressionnante.
Puis, toujours dans la thématique animaux, j’ai rencontré le roi de la jungle, assez loin de chez lui.
Et tout en suivant la ligne verte, j’ai pu admirer une succession de bâtiments dans le pur style soviétique.
Mais se permettant quelques fantaisies architecturales de temps en temps.
Et il y avait même le maintenant traditionnel bâtiment vert soviétique !
J’ai terminé mon tour de la ville sur les berges de la rivière Kama, un des affluents de la Volga.
De retour à l’auberge en début de soirée, j’ai décidé de faire une lessive (moment de logistique pénible mais indispensable) et je suis allée m’assurer à la réception que si j’utilisai la machine à laver, je pourrais aussi sécher mon linge. Deuxième moment « lost in translation » de la journée… J’ai pu laver mon linge mais en ce qui concerne le sèche-linge, c’était un bon vieux étendoir. Résignée à attendre que ma lessive sèche avant de repartir, j’ai donc pris un billet de train dans l’après-midi du lendemain, réduisant d’une journée entière le temps que je pouvais passer à Ekaterinburg, mon étape suivante, beaucoup plus intéressante que Perm.
Donc si je résume mon escale à Perm, je n’ai pas pu visiter le Goulag, j’ai perdu une journée de voyage que j’aurais dû passer à Ekaterinburg, mais j’ai pu laver mon linge et j’ai fait une super rencontre dans le train.
Disons que le bilan de cette étape est plutôt positif 😀.