Le Sud de la Pologne : Cracovie

Cracovie, l’ancienne capitale et une expérience locale

Du 1er au 3 octobre

Par Sophie – Le 9 Octobre – Dans la salle commune d’une auberge de jeunesse à Vilnius

Quand on arrive à Cracovie après Gdansk, la ville paraît vraiment grande, un peu comme un retour à la civilisation. Capitale du royaume de Pologne jusqu’à ce qu’elle soit déplacée à Varsovie, à l’époque un minuscule bourg dans les contrées sauvages de l’est du royaume.

Comme toutes les villes polonaises, Cracovie est divisée en une vieille ville, l’ancienne cité du Moyen-Age entourée de remparts avec le Palais Royal et la Cathédrale en haut de la colline avec la rivière qui passe en contre-bas. Bref, c’est mignon.

Une fois mes affaires déposées à l’auberge, je pars explorer la ville et participer à un « Free Walking Tour », très populaire ces dernières années, le principe est assez simple, toutes les personnes intéressées se retrouvent en un point où un guide (généralement local) les attend. Les tours durent généralement un peu plus de 2h et permettent d’avoir un aperçu accéléré de l’histoire du pays et de la ville, des bons plans et de passer un moment sympa avec des gens avec qui vous avez un langage en commun, l’anglais !

Cracovie donc est l’ancienne capitale du Royaume de Pologne, avant que la menace d’invasion des Allemands ne conduise à l’alliance entre le royaume de Pologne et le grand Duché de Lituanie  au XVème siècle. La ville a été relativement préservée par les destructions de la 2nd Guerre Mondiale et il est encore possible d’y voir de beaux bâtiments, comme cette ancienne église.
L'église de la place centrale de Cracovie.

Ou l’ancien marché où les guildes de marchants et d’artisans de l’époque où Cracovie était au cœur de la route commerciale entre Prague et la Russie.
L'ancien marché de Cracovie, les guildes d'artisans y avaient des échoppes au rez-de-chaussé
Mais il y a un autre monument en Pologne, c’est Jean-Paul II, originaire d’un petit village proche de Cracovie, il y a fait ses études de théologie et y a commencé sa carrière. Pour bien comprendre l’influence de Jean-Paul II en Pologne, il faut imaginer la situation pendant l’occupation Soviétique où la pratique de n’importe qu’elle religion était contrôlée. C’est dans ce contexte que la venue de Jean-Paul II à Cracovie en pleine période communiste devint un acte politique. Un très grand nombre de personnes se sont rassemblées pour célébrer le Pape dans un pays où tout rassemblement de plus de 3 personnes était considéré comme un acte de rébellion potentiel.

Cette 1ère journée à Cracovie s’est donc très bien passée. Il a fait beau, le guide était vraiment très intéressant et tout allait pour le mieux. C’est donc très détendue que je me suis couchée à l’auberge, laissant mon téléphone et ma tablette posés à côté de mon lit dans le dortoir… pour ne plus jamais les retrouver.

Une fois la crise gérée, une carte sim polonaise dans mon vieux téléphone, je me suis rendue au commissariat pour déclarer le vol de mon téléphone et de ma tablette.

1er échec ? Les policiers ne parlent pas anglais.
C’est donc accompagnée d’une des personnes de l’auberge comme traductrice que je suis retournée au commissariat. Et elle m’a prévenue, la police polonaise n’est pas vraiment connue pour être très efficace.
Finalement, une fois ma plainte déposée, sans trop de difficultés (en fait les policiers polonais parlent anglais, c’est juste que la procédure oblige la présence d’un traducteur pour s’assurer qu’il n’y aura pas de problème), j’ai pu participer à un autre Walking Tour : Le Ghetto et le quartier juif de Cracovie.

Le rendez-vous était en face de la plus ancienne Synagogue de la ville au coeur de Kazimierz, l’ancien quartier juif de la ville. Pourquoi ancien ? Parce que de 68 000 juifs à Cracovie avant la guerre, pour la plupart habitant du quartier, ils ne sont maintenant plus que 300. On peut donc considérer qu’il n’y a plus de juifs vivant à Kazimierz.
La plus ancienne Synagogue de Cracovie

L’événement majeur à Kazimierz ces dernières années ? Le tournage du film, La liste de Schindler par Spielberg dans les rues du quartier. Notre guide s’est donc fait un plaisir de nous montrer les principaux lieux de tournage, certains d’entre vous reconnaîtront peut-être.
Lieu où une des scènes principales de la Liste de Schindler a été filmée

Lieu où une des scènes principales de la Liste de Schindler a été filmée
Après avoir arpenté les rues de Kazimierz, qui était une ville indépendante de Cracovie avant de devenir un de ses quartiers, nous avons traversé la rivière pour aller sur le site du Ghetto de Cracovie pendant la 2nd Guerre Mondiale.
Le mur à l'entrée du Ghetto de Cracovie
Pour ceux d’entre vous qui ont vu la Liste de Schindler, les photos du vrai Ghetto ne vont rien vous dire. En fait, quand Spielberg a fait les repérages pour le film, il s’est aperçu que la reconstruction assez anarchique pendant la période soviétique, et après, allait grandement lui compliquer la tâche.
Par exemple, le centre du Ghetto historique ressemble à ça :
La place principale du ghetto de Cracovie
Vous pouvez vous douter que le grand bâtiment dans le fond n’allait pas vraiment aider pour la reconstitution du lieu :).

En tout cas, l’imagination des Nazis n’avait pas vraiment de limites quand il s’agissait de faire souffrir les gens. Par exemple, il y avait un tram qui passait dans le Ghetto, sans s’y arrêter. Les juifs pouvaient donc voir passer les polonais et allemands sans pour autant pouvoir s’enfuir. Au début, les personnes dans le tram jetaient de la nourriture au passage dans le Ghetto, acte rapidement interdit par une loi, sous peine de mort.
Dans le même esprit, les quelques murs qui ont été construits autour du Ghetto avaient une forme particulière :
Un des restes des murs autour du Ghetto de Cracovie.
Ils ont la même forme que les pierres tombales traditionnelles dans les cimetières juifs.

Charmant…

De retour à l’auberge, j’y ai appris que des policiers étaient passés poser des questions et récupérer les films de vidéo surveillance. Comme dans les films quoi :).
Puis, sans plus de péripéties, je suis partie de Cracovie le lendemain matin en bus pour rejoindre Varsovie, de nouveau sur la route de l’Est, pour ma dernière étape polonaise.

Plein Nord pour ma 2ème étape Polonaise : Gdansk

Une ville sur la mer Baltique : Gdansk

Du 27 au 30 septembre

Par Sophie – Le 4 Octobre – Dans le bar d’une auberge de jeunesse à Varsovie

Bienvenue à Gdansk, ou Dantzig (nom sous lequel la ville est généralement plus connue). Je dois vous avouer, je n’ai fait moi même le rapprochement que le soir de mon 2ème jour sur place !

J’y suis arrivée de nuit, en début de soirée en bus depuis Poznan. Plus ou moins 6h de bus sur des routes pas forcément très droites ni régulières. Le bon côté des choses ? Comme je n’ai pu globalement ni lire, ni écrire, j’ai pu admirer la campagne Polonaise et dormir, deux activités qui ressourcent.

La campagne Polonaise au coucher du soleil

J’ai commencé mon exploration de Gdansk le lendemain après une soirée et une nuit sans histoire, à part l’impression assez dérangeante d’être tombée dans le dortoir des qualifications aux Jeux Olympiques du ronflement, ou la joie de la vie en collectivité (surtout quand on ne choisi pas le collectif 🙂 !).

J’ai donc pu passer la journée à me balader dans la vieille ville, très mignonne avec son petit côté maisons de poupées en carton !

Une rue de Gdansk, dans la vieille ville

A Gdansk, il y a aussi des canaux, la ville permettant un accès direct à la mer Baltique, position stratégique qui lui a valu d’être au cœur d’enjeux territoriaux aux conséquences parfois terribles depuis le XVIIIème siècle.

Les canaux de Gdansk

Aujourd’hui très bien aménagés en zone piétonne où les restaurants rivalisent d’ingéniosité pour attirer les touristes, c’est la principale attraction touristique de la ville d’où il est possible d’embarquer sur des navires en direction de la mer Baltique. Si vous voulez vous sentir l’âme d’un pirate pour quelques heures, pas de problème, il y en a qui y ont pensé pour vous !

Tout en me baladant le long des canaux et dans le vieille ville, j’ai fait une pause déjeuner dans le restaurant le plus réputé de la ville pour une des spécialités locales : les Pierogis (ou raviolis). Franchement ? C’est pour le moment les meilleurs que j’ai mangés, alors que la garniture au choux cuit n’entrera pas dans ma liste de garniture préférée.

Raviolis polonais traditionnels farci avec du chou et des champignons

Le lendemain, après une nuit passée en spectatrice avisée des demi-finales de qualification aux JO du ronflement (le côté plutôt sympa de cette discipline est qu’elle est mixte et en cette veille de finale, c’est ma voisine de lit qui dominait largement la compétition !), je prends les transports locaux pour me rendre sur la mer Baltique. Le transport en question ? Le ferry-tram !

Le Ferry-tram municipal à Gdansk

Après une heure paisible passée au fil de l’eau et découvrir que, une fois sortie de la vieille ville, Gdansk est en fait une ville industrielle, j’arrive à Westerplatte et à la mer Baltique !

La mer Baltique depuis Westerplatte à Gdansk

Il y a bien la mer avec une plage toute mignonne (non, je ne me suis pas baignée !), mais j’y découvre aussi un mémorial dédié à l’histoire de la ville de Dantzig et plus particulièrement pendant la 2nd Guerre Mondiale, qui débuta officiellement le 1er Septembre 1939 avec l’attaque de Westerplatte par l’Allemagne nazie. S’en suivit 1 mois et demi de guerre éclair avant la capitulation de la Pologne, prise en tenaille entre l’armée Allemande à l’Ouest et l’armée Soviétique à l’Est. A Westerplatte, qui a subit le plus gros de l’attaque en 1939, il reste les vestiges des défenses polonaises.

A l’extrémité de Westerplatte, le mémorial de la 2nd Guerre Mondiale domine la mer et ce bout de terre, pour garder le souvenir de ce qui s’est joué ici. A l’époque, Jean-Paul II (véritable star en Pologne) était venu y rendre hommage aux victimes, véritable acte politique en pleine période communiste.

Le mémorial de la 2nd Guerre Mondiale à Westerplatte à Gdansk

Les transports municipaux c’est sympa et pas cher, mais par contre c’est pas des plus efficace ! J’ai donc attendu 2 bonnes heures le ferry-tram pour le chemin du retour. Et c’est passablement affamée (a priori en Pologne, quand on visite un mémorial, on ne mange pas ! Donc pas de restaurant un peu sympa en bord de mer où j’aurais pu patienter), que je suis rentrée à Gdansk où j’ai dû changer d’auberge, celle qui organisait le championnat de ronflements étant complète pour la nuit ! Je ne serais donc pas en mesure de vous donner les résultats de la finale, compte tenu qu’aucun concurrent sérieux ne s’est présenté la nuit suivante (pour mon plus grand bonheur 😉 ).

Pour mon dernier jour à Gdansk, avant un bus de nuit pour Cracovie, j’ai visité le Musée de la 2nd Guerre Mondiale, chaudement recommandé par tout le monde. Alors soyons honnête, le musée vaut vraiment le coup. Il est immense avec des reconstitutions à échelle 1 de rues avant/après la guerre, d’avions, de torpilles…, il est complet et traite tous les aspects de la guerre, de la montée des nationalismes partout dans le monde (oui, même au Japon) jusqu’à la fin de la guerre et les conséquences du partage des territoires entre le bloc de l’Ouest et le bloc de l’Est. Plusieurs salles sont bien sûr consacrées à la vie sous l’occupation dans les différents pays et notamment en Pologne. Il est donc très bien fait.

Le musée de la 2nd Guerre Mondiale à Gdansk

Il est très bien fait, mais il fiche un cafard… J’y ai passé 5h et j’aurais pu y passer la journée entière, mais au bout d’un moment on touche le fond. D’autant plus qu’il suffit de ne pas se couper totalement de l’actualité pour retrouver des similitudes entre la situation dans les années 1930 et la situation actuelle…

Autant vous dire que l’histoire récente (disons depuis la fin du XIXème siècle) de la Pologne n’est vraiment pas fun.

Mais vraiment pas fun du tout.

Cela dit, il faut quand même reconnaître une qualité aux polonais (en plus de leur tolérance à la Vodka), c’est leur résilience. Quasiment l’intégralité des villes polonaises ont été détruites pendant la 2nd guerre mondiale ? Pas de problème, elles ont été reconstruites d’après des photos et/ou des peintures comme avant (avant quoi, ça dépend des villes). C’est le cas de Gdansk, qui est vraiment une très mignonne petite ville… Entièrement reconstruite après la guerre.

En tout cas, ça vaut vraiment le coup de s’intéresser à ce qui s’est passé dans ce pays ces deux derniers siècles, ce que je m’emploie à faire. A bientôt pour la suite de mes découvertes historiques, géographiques, culturelles et culinaires !

En Route vers l’Est : la Pologne, 1ère étape

Pologne – 1ère étape : Poznan

Du 25 au 27 septembre

Par Sophie – Le 27 Septembre – Dans un bus entre Poznan et Gdansk (sur les quelques portions de route droite du trajet)

Départ de Paris, en bus, direction Poznan, en Pologne. 17h30 plus tard (oui c’est long, mais toujours moins pire que le Paris/Amsterdam, de nuit, plein comme un œuf !), je débarque à Poznan, en Pologne donc.

Et dès mon arrivée, plusieurs constats :

  • Les polonais ne sont pas encore passés à l’Euro, leur monnaie est le Zloty polonais (PLN), j’aurais pu me renseigner avant…
  • A priori, le taux de change doit être assez intéressant parce que la dame pipi à l’entrée des toilettes de la gare routière a pris ma pièce d’1€ sans broncher et m’a permis d’entrer. Vérification faite, j’ai compris pourquoi, 1€ ~ 4,25PLN (prix annoncé pour l’accès aux toilettes : 1PLN)… La prochaine fois je me renseignerai avant, c’est décidé !
  • Je dois être suffisamment à l’est pour que le bus soit considéré comme un moyen de transport tout a fait normal, la gare routière n’est pas glauque du tout, proche du centre ville et avec un accès direct à un grand centre commercial.

La gare routière de Poznan

Le temps de rejoindre mon auberge de jeunesse, à 15 minutes de marche et de poser mes affaires, me voilà partie, plan en main, visiter la ville de Poznan, dont j’ignorai l’existence la semaine précédente.
L'auberge de jeunesse

Au détour de mon trajet en direction des divers points d’intérêts indiqués sur ma carte touristique, je trouve un musée retraçant l’histoire de la ville. Une pause au chaud et loin du vent étant bienvenue, je me motive pour en faire la visite. C’est donc avec une surprise grandissante que j’ai découvert que Poznan est en fait considérée comme la ville où la Pologne fut fondée, en 966 lors du baptême du roi local, à la tête du royaume païen des Piastes, Mieszko 1er.

J’ai donc passé une partie de l’après-midi dans un musée interactif, audio-guide (en français s’il vous plait) sur les oreilles à m’instruire sur l’histoire de cette région de la Pologne jusqu’en 1966 (la deuxième partie du XXème siècle n’ayant a priori pas été considérée comme intéressante lors de la conception du musée).

Le lendemain, après une soirée sans histoire à l’auberge, quasiment exclusivement occupée par des locaux, je reprends l’exploration de la ville et je récupère mon audio-guide pour la visite de l’île de la Cathédrale, de la Cathédrale elle-même et de ses catacombes où les vénérés fondateurs ont un jour été enterrés !
La Cathédrale de Poznan

En quittant l’île de la Cathédrale (Ostrow Tumski en polonais), je fais un bon dans le futur en suivant un parcours qui explique l’organisation de la ville pendant l’invasion Prussienne qui a commencée vers le milieu du XIXème siècle pour se terminer à la fin de la 1ère guerre mondiale et la défaite Allemande.

Face à tant de découvertes culturelles intéressantes, j’ai testé la nourriture locale lors du repas de midi…
Et je n’ai pas franchement été convaincue par la soupe de betterave (le borsh), même si les gnocchis, très bien cuisinés, ont sensiblement amélioré mon opinion de la cuisine polonaise.

De retour à l’auberge, j’ai passé une soirée passablement surréaliste au cours de laquelle, par Google Trad interposé, un polonais a commencé à m’expliquer que la France se laissait coloniser par les extrémistes islamistes et qu’un jour notre culture aurait complètement disparue (étonnant les progrès de Google Trad ces dernières années).
Quelque peu embêtée, j’ai proposé de changer de sujet. Pas de problème, il s’est donc lancé dans une grande explication sur les différences culturelles entre l’Europe de l’Ouest (moi) et l’Europe de l’Est (eux), raison pour laquelle l’Union Européenne finirait par éclater…
Bien, bien, bien…
On aurait pu en rester là, mais une des autres clientes de l’auberge, a priori agacée par le discours ultra nationaliste de notre ami en treillis-rangers, est intervenue pour m’expliquer en anglais que cet individu ne représentait évidemment pas l’opinion de tous les polonais (hum…) et entamer avec lui un long débat, en polonais bien sûr, je n’ai donc pas vraiment pu contribuer.

Un peu déroutant quoi, j’ai même fini par regretter l’époque ou en disant que je suis française, la principale et souvent seule réaction que j’obtenais était « Oh, France, Paris, Romantism… ».

Enfin, mes aventures vers l’est commencent et devraient s’avérer intéressantes !

Je verrais comment ça se passe à Gdansk, ma prochaine destination, nettement plus au nord de la Pologne, à 5 heures théoriques de bus de Poznan (je suis pas encore arrivée, alors qu’on est partit depuis 5 heures 30 maintenant).