Tallinn, capitale de l’Estonie, dernière étape avant la Russie
Du 27 octobre au 1er novembre
Par Sophie – Le 14 Décembre – Dans la salle commune d’une autre auberge à Beijing, entre deux sauts du VPN (chacun ses problèmes :)).
Tallinn, la capitale de l’Estonie, a donc été ma dernière étape avant de m’attaquer à la Russie, avec pour unique contrainte mon bus pour Saint-Pétersbourg à 9h du matin le 1er novembre.
Après avoir exploré la campagne Lettone et avoir été un eu déçue par le début de mon périple en Estonie, j’avais sélectionné ce qu’on appelle un « Party hostel ». Pour ceux qui n’auraient jamais expérimenté le voyage dans des auberges de jeunesses avec les nuits en dortoir, la vaisselle salle dans l’évier et la salle commune où les bières ne sont pas chères, il existe plusieurs types d’auberges de jeunesses. Certaines sont ce qu’on appelle des « Party hostel » et l’objectif affiché est d’y faire la fête. Elles sont généralement bruyantes, avec des groupes de voyageurs qui trinquent avec allégresse aux voyages et aux rencontres. Donc avant de réserver dans une auberge de ce type, il vaut mieux être prêt à ne pas y passer des nuits très reposantes. Un peu en manque d’interactions sociales, j’ai jeté mon dévolu sur le Red Emperor Bar and Hostel (tout un programme rien que dans le nom !).
J’y ai rencontré une quantité étonnante d’Australiens en vadrouille, grâce à qui j’ai pu suivre ma 1ère leçon « d’Australien ». Alors oui, ça ressemble à l’anglais, mais c’est pas tout à fait pareil non plus :). Se sont alors enchaînées des soirées à lutter contre la gravité, qui finit toujours par gagner !
Vous avez évidemment reconnu le Djanga, dont plusieurs versions étaient disponibles et qui s’enrichissaient de nouvelles règles au fur et à mesure que l’Happy Hour avançait.
On a quand même exploré la ville, le temps de participer au maintenant traditionnel Free Walking Tour où on a pu apprendre que Tallinn est la ville d’Estonie avec la plus grande partie des remparts d’origine parfaitement conservés. Remparts qui n’ont pas tous été construits à la même époque. Les plus anciens entourent la vieille-ville haute, autrefois réservée aux habitations des nobles et riches, alors que les artisans et les marchants occupaient la partie basse de la ville, elle-même protégée par une autre ceinture de remparts, construits plus tard. Les paysans étaient bien sûr installés dans les champs à l’extérieur des remparts et devaient courir se mettre à l’abris en cas de danger.
Il y avait deux façons de passer de la partie haute à la partie basse de la ville.
La longue route qu’utilisaient les chariots et voitures tirés par des animaux.
Large et tranquille, elle monte dans la ville jusqu’à la place principale au pied de l’imposante église orthodoxe.
L’autre option consistait à emprunter la route courte, praticable uniquement par les piétons. Il s’agit d’un petit passage étroit et pentu avec un nombre certain de marches.
A la tombée de la nuit, les portes de la ville haute étaient fermées et plus personne ne pouvait passer. Les marchants avaient intérêt à être redescendus à ce moment-là !
Construite en hauteur (enfin autant que faire se peut en Estonie), le vieille ville de Tallinn est parsemée de rues en pentes, de murs penchés et d’escaliers en tous genres.
Parmi les anecdotes assez marrantes, quasiment toutes la population de la ville qui a connu l’époque soviétique parle couramment le Finlandais. Déjà parce que les deux langues sont proches, mais surtout parce qu’à cette époque, il était possible de capter la télévision Finlandaise depuis les hauteurs de la ville. Allez savoir pourquoi, il semblerait que les gens préféraient cette option aux programmes de la télévision d’état soviétique !
A la fin du tour, c’est passablement frigorifiés que nous sommes rentrés à l’auberge pour mettre des chaussures chaudes. J’ai donc pu à cette occasion inaugurer mes chaussures de rando spécialement achetées pour la Sibérie.
Verdict ? Elles tiennent chaud, mais il va falloir les faire un peu avant de partir pour de longues randonnées. On est donc partit avec Tom et Maria, Australiens voyageant en Europe depuis presque 3 mois, en direction d’une zone industrielle, a priori sympa pour trouver des restaurants. On a trouvé la zone, non sans faire un léger détour (en même temps, la ligne droite, c’est un peu surfait comme concept !), pour trouver les restaurants… fermés. La zone est quand même sympa, dans le plus pur style « nouveau quartier hypster » ;).
Le froid étant a priori arrivé pour rester, et forts de l’expérience des 3h de marches pendant le walking tour, nous avons décidé de réserver un tour dans le musée du KGB (et oui, encore un !) pour le lendemain en fin de matinée.
Et pour une fois, la visite a été plutôt marrante. En fait, elle avait lieu au dernier étage du seul hôtel ouvert aux occidentaux pendant la période soviétique. Dernier étage qui était occupé en partie par les locaux techniques de l’hôtel et en partie par… Un centre d’écoute ultra moderne du KGB. Le directeur de l’hôtel avait même une ligne téléphonique directe vers le Quartier Général du KGB à Tallinn, situé dans la vieille ville, j’ai pu tester la ligne et échanger quelques mots avec lui ;).
Parmi les anecdotes marrantes de cette époque, certaines chambres étaient équipées de micros pour espionner les étrangers qui logeaient à l’hôtel. Une fois, un ingénieur américain a réussi à trouver le micro et a mis un bout de papier dessus. Dans les 3 minutes, un agent entrait dans la chambre et enlevait le bout de papier, sans même lui adresser la parole (subtilité quand tu nous tiens !).
Ils utilisaient le top des gadgets disponibles à ce moment là, comme par exemple des micros sans fil dissimulés dans des doubles fonds des sous-tasses à café pour écouter les discussions dans le restaurant de l’hôtel. Une fois, un des nouveaux employés à la plonge, ignorant du stratagème, a eu le malheur d’envoyer une de ces sous-tasses modifiée dans le lave-vaisselle, causant un véritable mouvement de panique chez les autres employés qui réussirent à réagir avant que le précieux matériel soit endommagé et de tous finir au goulag par la même occasion!
En écoutant ces différentes histoires, ça nous a un peu donné l’impression que les bras cassés faisaient de l’espionnage :).
Puis à la fin de cette visite fort divertissante, on est allé visité les prisons du quartier général, situées dans le sous-sol d’un immeuble d’apparence tout à fait banal au coeur de la vieille ville.
Et là, on a beaucoup moins rigolé. Les témoignages des survivants faisaient clairement froid dans le dos.
Le plus marquant était celui d’un Estonien, d’à peu près notre âge, qui racontait l’histoire de sa famille dont le grand-père, simple professeur d’université, a été déporté dans un goulag en Sibérie. Sa femme a été contrainte de demander le divorce pour assurer la survie de ses enfants (il lui était impossible de trouver du travail tout en restant mariée à un dissident politique, ou considéré comme tel). Elle lui a envoyé une lettre pour lui expliquer la situation avec les papiers du divorce. Étrangement, il n’a reçu que les papiers du divorce, la lettre ayant été « perdue » en chemin, à leur insu à tous les deux. Persuadé que sa femme ne l’aimait plus il a finit par se marier dans le goulag. Quand il a finalement pu rentrer en Estonie, plus de 20 ans plus tard, il a enfin été mis au courant de ce qui s’était vraiment passé. Le témoignage se termine avec le petit-fils qui explique qu’il n’a plus jamais revu son grand-père à part cet unique fois, bien que vivant dans la même ville, et qui conclue « Et encore, notre famille a eu de la chance, il est rentré alors que dans beaucoup de famille, on ne sait toujours pas, même aujourd’hui, ce que sont devenus ceux qui ont été déportés en Sibérie. ».
Après ça, nos bras cassés de l’hôtel nous ont paru beaucoup moins inoffensifs !
Mais bon, comme on allait pas non plus se laisser abattre, on a chassé nos idées noires à grand renfort d’Happy Hour avant d’aller expérimenter une spécialité locale… le restaurant médiéval ! Et oui. A Tallinn, il y en a même au moins 2 dans le centre de la vielle ville. Bien renseignés, on savait où trouver le vraiment typique, et pas trop cher. On est donc parti, un petit groupe de personnes de l’auberge, assez intrigués par le concept :).
Franchement ? On a pas été déçus ! Pas de menu, c’est la propriétaire au bar qui t’explique qu’ils ont des tartes (viande ou épinard), de la saucisse et de la soupe d’élan.
Tout est parfaitement cuit, mais le clou du spectacle, ce qui rend ce restaurant hors du commun et son menu vraiment exceptionnel, c’est….
…
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Les cornichons à volonté !!!!!!
Cornichons qui ne se laissent pas attraper facilement. Oui, oui, vous avez bien lu. Il a fallu aller à la pêche aux cornichons, dans un énorme tonneau, avec un ustensile à mi-chemin entre la pique et la fourche. De médiéval, ce restaurant est donc devenu épique !
Ne voulant pas nous arrêter en si bon chemin, on est allé terminer cette soirée dans un « hidden bar » ou bar caché en français, mais ça claque moins je trouve. Pas vraiment difficile à trouver, on a quand même bien aimé le concept du bar au 1er étage d’un immeuble d’habitation !
Après de telles aventures, on est rentré se coucher, parce que le lendemain, deux d’entre nous (dont moi) devaient se lever suffisamment tôt pour prendre le ferry de 6h du matin pour Helsinki. Je vous raconterai nos péripéties dans le prochain article, mais j’aime autant vous le dire tout de suite, tout ne s’est pas passé exactement comme prévu !
Cette semaine à Tallinn s’est terminée en beauté le lendemain avec la soirée Halloween dans le bar du Red Emperor. Déguisement obligatoire, mais le staff de l’auberge a pensé à tout et ils ont un stock de costumes (oui c’est dégueu) qui passent l’année dans des gros sac et sont sortis du placard à cette occasion. C’est donc en combinaison intégrale jaune/verte/noire, que nous sommes allés nous faire passer pour l’équipe de bobsleigh de la Jamaïque avec Allistair (2ème larron de l’équipe Helsinki, debout depuis 5h du mat’).
Désolée, je n’ai pas de photos, mais on a eu un franc succès, alors que certains avaient vraiment envoyé du pâté coté déguisement, le Viking tenant le haut du panier question réalisme !
C’est passablement fatiguée que je me suis levée à 7h le lendemain pour finir mon sac et aller prendre mon bus direction Saint-Petersbourg et la Russie.
Sur la dernière photo dans le texte, « Val de France » çà fait pas très couleur locale 😉
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