Harbin, la cité des glaces

Harbin dans le Heilongjiang, la province la plus au Nord-Est de la Chine.

Du 3 au 6 Décembre.

Par Sophie – Le 29 avril – Toujours à Houai Xay avant de peut-être reprendre la route dans quelques jours.

Avant d’arriver à Harbin, j’ai pêché par excès de confiance en moi… Et comme ça ne pardonne pas beaucoup quand on est dans un environnement passablement hostile, les événements se sont chargés de me rappeler qu’en Chine, rien n’est simple.

Avant de quitter Changchun, j’avais quand même regardé l’emplacement de mon auberge de jeunesse pour la situer par rapport à la gare. Pas trop de difficulté jusque là et un itinéraire de 35 minutes de marche annoncé par google qui faisait vraiment plaisir.

Ma 1ère erreur ?

… Je n’ai pas sauvegardé l’itinéraire pour pouvoir le consulter plus tard…

Ma 2ème erreur ?

… J’ai pas vu qu’il y avait 2 gares à Harbin…

Vous l’aurez tous deviné, la loi de Murphy s’en est mêlée et je suis arrivée de Changchun dans la mauvaise gare (en tout cas pas celle depuis laquelle j’avais repéré mon itinéraire la veille). Sans internet (j’avais pas encore de carte sim chinoise à ce moment là) et avec pour seul plan disponible celui du métro, qui ressemblait à ça :
Le plan du métro d'Harbin à la gare Ouest

Autant vous le dire, je me suis retrouvée un peu perplexe au moment d’acheter un ticket et donc de choisir jusqu’à quelle station je voulais aller…

Heu…

Le temps de faire le tour de la gare à la recherche d’un plan de la ville, que je n’ai jamais trouvé, je suis retournée à la borne pour acheter mon ticket de métro et je me suis retrouvée tout aussi perplexe. J’ai donc procédé par élimination. Mon auberge étant proche de la rivière et je cite les commentaires sur booking « Parfaitement située à deux pas de la rue piétonnes au centre de la ville », je me suis dit qu’elle devait être plus proche de la ligne M1 (en rouge sur le plan) que d’une des trois stations ouvertes de la ligne M3 (en jaune sur le plan) au bout de laquelle se trouve la gare ouest (et donc où je me trouvai).

J’ai donc pris un 1er ticket pour la station de transfert entre les deux lignes de métro. Mon plan machiavélique ? Vu que c’est un changement de ligne il doit bien y avoir un Mc Do, Starbucks ou chaine de fast food locale avec du wifi qui me permettrait de me connecter à internet et de récupérer mon itinéraire. Même s’il n’y a que deux lignes de métro dans la ville, je me suis imaginée une station du genre Jean-Jaurès dans le métro toulousain.

Grave erreur…

Une fois sur le quai il n’y avait rien, pas même un vendeur de téléphone (très mauvais signe en Chine) et une fois dehors, je me suis retrouvée au milieu du chaos ambiant avec des petites échoppes où on pouvait acheter à peu près n’importe quoi, mais pas de wifi…

Je suis donc retournée dans le métro, et j’ai acheté un billet pour avancer de 2 stations. Appelons ça une méthode de recherche systématique… 2 stations plus tard, une fois sortie du métro j’ai réussi à trouver un KFC local où réconfortées par des frites et des chicken wings, j’ai pu me connecter au wifi.

Victoire… Ah, tien, non ?

C’est le moment que Google Maps a choisi pour ne plus fonctionner. Du tout, même avec un VPN… Le mode plan était en rade, la localisation dans les choux et seul le mode satellite en version floue fonctionnait. Un redémarrage de téléphone plus tard, j’ai plus ou moins réussi à obtenir un itinéraire.

Accrochez-vous bien, 1h50 en transport en communs (1 métro et 2 bus plus tard), 30min en voiture ou 2h à pied… Oui, oui, ça c’est assez typique de la Chine, quand il n’y a pas de métro et qu’il faut prendre un bus, généralement c’est aussi long en transport qu’à pied, on retrouve certaines caractéristiques avec le réseau de transport en commun toulousain vous me direz.

En tout cas, la prochaine étape de mon périple était simple : retourner dans le métro. Le temps de me tromper d’entrée et de me retrouver dans un immeuble de bureau où tout le monde m’a regardé comme si j’étais un extraterrestre (Ah, Pardon, Au revoir), j’ai pu avancer de 2 nouvelles stations pour sortir à la plus proche de mon auberge.

Puis j’ai opté pour la solution marche à pied. C’était un peu long, mais une bonne demi-heure plus tard je me suis retrouvée à la gare centrale. Celle depuis laquelle j’avais calculé mon itinéraire au début. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne me reste plus que 35min de marche. Parce que l’air de rien, entre les 0°, les escaliers, les montées, les descentes, ça fait bien 1h30 que je galère avec mes sacs sur le dos.

Pour vous donner une idée de l’itinéraire, voilà ce que google maps indique, une fois hors de Chine, dans un pays qui ne bloque pas internet.
Harbin, position des gares par rapport au centre ville

Je n’ai donc jamais été aussi proche. Et pourtant l’aventure n’est pas encore finie. Ayant pris le métro pour le début de mon trajet (suivez le trait marron), je suis arrivée par l’arrière de la gare centrale. Gare centrale où de gigantesques travaux étaient en cours. Pleine d’espoir j’ai quand même pris le souterrain d’accès à la gare pour la traverser. Fermé pour cause de travaux. Je me suis donc résignée à faire le tour en suivant le chemin prévu à cet effet et 20 minutes plus tard, je me suis enfin retrouvée au début du boulevard menant à mon auberge.

La galère aurait pu se terminer à ce moment là, mais c’était sans compter avec le dernier tour joué par Google, qui a mal positionné l’auberge sur la carte. J’ai donc erré dans le mauvais pâté de maison à la recherche d’une rue qui n’y existait pas…

En désespoir de cause et après avoir demandé à divers passants, dont aucun n’a pu me renseigner (mais qui a dit que les chinois ne savent pas dire non ?!), j’ai fini par me réfugier dans un Mc Do (oh joie et bonheur du capitalisme), me connecter au wifi pour enfin récupérer la bonne localisation directement dans un des plans fournis en image sur booking.

C’est finalement une fois la nuit tombée (alors que je suis arrivée en ville en début d’après-midi), que j’ai enfin trouvé l’immeuble, sans aucun panneau ou signe indiquant la présence de l’auberge, et enfin trouvé l’auberge. Qui est en fait un appartement privé dont les 3 chambres ont été transformées respectivement en deux dortoirs et une chambre familiale.

Un des dortoirs était plein à craquer de russes (et leurs affaires), plutôt gentilles, mais assez envahissantes, l’employé de l’auberge (qui ne parlait pas un mot d’anglais, évidemment), m’a donc installée dans le dortoir mixte d’à côté, quasiment vide, et avec un rideau pour fermer le lit 😄.

Une fois les détails logistiques réglés avec le propriétaire, je suis allée me remettre de mes émotions en allant manger dans un des restaurants d’une chaîne locale, chaudement recommandé par les divers guides en ma possession : Le Roi des Dumplings (ou raviolis) ! Après toutes ces aventures on ne pourra pas me reprocher de m’être raccrochée à quelque chose de familier. Et quoi de mieux que les raviolis (la base de mon alimentation depuis le début du voyage) pour ça 😊?!

Un assortiment de raviolis chinois à dégusterTout un assortiment de raviolis, ça cale bien !

Petit moment de flottement au moment de la commande (pour le coup, ils avaient un menu en anglais et le serveur, plutôt sympa, parlait anglais !), quand on m’a demandé si je voulais ma bière froide ou à température ambiante…Heu…

Froide (évidemment).

J’ai compris le pourquoi de la question le surlendemain quand je suis allée manger dans un petit restaurant beaucoup plus local (pas un mot d’anglais, c’est un bon indicateur) où on ne m’a pas posé la question et où ma bière était à température ambiante… Mais attention, ils l’ont sortie d’un frigo, qui n’était juste pas allumé. Croyez-moi, il vaut mieux ne pas chercher à comprendre !

En attendant, rassasiée et quelque peu rassérénée, je suis rentrée me coucher avant d’aller explorer la ville le lendemain.

La principale attraction d’Harbin c’est le festival des glaces qui a lieu tous les ans de mi-décembre à fin février à peu près. Il fait tellement froid que les sculptures sur glace ne fondent pas, même en plein soleil. Le festival a lieu de l’autre côté de la rivière, presque complètement gelée à cette période de l’année, dans un parc immense où il y a assez de place pour construire des sculptures de glaces toutes plus grandes les unes que les autres.
L'autre rive du fleuve à Harbin

Je suis partie d’Harbin le 6 décembre, j’ai donc raté le festival, mais ça m’a permis d’échapper à la foule (il y a entre 10 et 15 millions de visiteurs par an) et aux prix exorbitants partout en ville. Pour ceux qui voudraient voir des photos des bâtiments en glace éclairés pendant la nuit, vous pouvez aller voir sur ce site internet.

Et puis j’ai quand même pu apprécier le froid, et la balade sur la rivière gelée.
Balade sur la rivière gelée à Harbin

A priori, j’étais pas la seule à profiter du soleil et des -5° plutôt cléments en cette belle matinée.
La rivière gelée au Nord de la ville

J’ai continué la balade le long de la rivière gelée où j’ai croisé un bateau-restaurant complètement pris dans la glace (a priori ils ferment en hiver), en même temps il doit pas faire chaud assis en terrasse.
Le restaurant flottant pris dans la glace

Et quelqu’un entrain de faire voler un cerf-volant au-dessus de la glace pour le plus grand plaisir des enfants autour.
Un entrainement au cerf-volant sur la rivière gelée

Au détour des rues j’ai quand même croisé des statues de taille plus réduite, mais impressionnantes de détails compte tenu qu’elles sont faites en glace.
Les 1ères sculptures de glace dans les rues de la ville avant le festival des glaces à partir de mi-décembre

Chapeau l’artiste !
Les 1ères sculptures de glace dans les rues de la ville avant le festival des glaces à partir de mi-décembre

En retournant vers le centre ville, je suis passée par l’esplanade principale qui permet d’accéder aux quais aménagés (il faut croire que j’ai fait la balade à l’envers).
L'esplanade au bord de la rivière

Contrairement à la gare de Changchun où les accès souterrains n’étaient pas encore ouverts, là on pouvait passer sous l’esplanade pour rejoindre la ville avec le double avantage de se mettre au chaud et de se balader dans un centre commercial. La Chine a un côté assez fascinant dans son rapport à la consommation. Un peu plus tard dans la journée, je me suis perdue dans un bâtiment de la taille d’un pâté de maison, entièrement dédié au shopping. A ne plus savoir où donner de la tête !
Une centre commercial très moderne dans Harbin

Mais en attendant, je suis allée me balader dans le parc Zhaolin où les constructions traditionnelles ont été préservées sous la forme de petits kiosques répartis un peu partout dans le parc et permettant d’avoir une vue un peu en hauteur.
Le Parc Zhaolin en chemin vers la rivière

Les plafonds de ces constructions, peints de couleurs vives et avec des motifs traditionnels valent vraiment le détour.
Le plafond décoré d'un des kiosques du parc

Des ponts lancés au-dessus de petits canaux, vides à cette période, rendent la balade dans cet oasis de calme au milieu de la ville vraiment sympathique !
Le Parc Zhaolin en chemin vers la rivière

De retour à l’auberge, j’ai fait la connaissance d’un de mes compagnons de chambre, un Sud-Coréen en vacances pour quelques jours dans le nord de la Chine. On a décidé d’aller dîner ensemble dans un restaurant recommandé par le gars de l’auberge. On s’est franchement régalé, et on a partagé deux bières (oui, oui, ça fait une chacun, mais en Asie, à table, c’est pas chacun pour soi, on partage tout, les plats sur la table et les bières !).
Le restaurant de galettes

Grand moment de solitude (et fou-rire des serveuses) quand on a commencé à manger en coupant des petits bouts dans les galettes et en attrapant la garniture avec. On a essayé de comprendre comment on était sensé manger, mais pas moyen et comme on était les premiers clients, pas d’exemple auquel se raccrocher ! Finalement quand le restaurant a commencé à se remplir on a compris. En fait il fallait dédoubler les galettes et les remplir avec la garniture, avant de la plier et de la manger. A mi-chemin entre le burritos et les fajitas en fait. Et ben on le saura pour la prochaine fois.

Le lendemain, je me suis baladée dans la seule rue piétonne de la ville (et la 1ère que je vois dans le pays). Plutôt sympa et bien aménagée, elle permet d’échapper aux embouteillages et au trafic de motos et scooters électriques omniprésents et qui n’ont a priori jamais entendu parler du code de la route.
L'entrée de la seule rue piétonne de la ville

Puis je me suis mise en mode « Opération Billet de Train » et je suis retournée à la gare centrale pour y acheter mon billet du lendemain pour Beijing, capitale de la Chine et ma prochaine destination.
La gare centrale d'Harbin

Une fois à l’intérieur, même galère que depuis mon arrivée en Chine, une queue importante à tous les guichets et des panneaux lumineux uniquement en chinois. Je suis donc allée au bluff au seul guichet vide (a priori pour une bonne raison, mais ça se tentait) et j’ai demandé s’ils parlaient anglais. Et là, miracle de simplicité, elle non, mais elle est allée chercher un de ses collègues qui a ouvert un guichet juste pour moi et m’a vendu le billet que je voulais et que j’avais déjà repéré sur internet, au départ de la gare Ouest évidemment. Cette mission accomplie, je suis repartie me balader en ville, encore pleine de surprises.

Comme Harbin est très proche de la Russie, il y a beaucoup de tourisme russe et une communauté russe assez importante. On y trouve donc des églises orthodoxes.
Dont une directement sur le parvis de la gare.
Une église orthodoxe à Harbin, où une importante population russe habite

Une autre, en rénovation, est sur une place entourée de centres commerciaux.
Une église au coeur de la ville en cours de rénovation

Il y a aussi d’immenses boulevards, souvent encombrés de véhicules en tous genres qui passent au milieu de la ville, mais plutôt tranquilles au milieu de la journée.
Sur le pont à côté de la gare

Pour terminer cette journée, je suis donc allée manger dans un petit restaurant pas très loin de mon auberge où le manager parlait quelques mots d’anglais, mais le menu était en chinois. Menu assez marrant d’ailleurs, c’est une grande feuille de papier avec tous les plats (et leurs photos) à côté desquels il y a une petite case. On récupère la feuille et un crayon à la caisse avant d’aller s’asseoir et il n’y a plus qu’à cocher ce qu’on veut manger et boire sur la feuille et la ramener à la caisse. J’étais pas trop sûre de ce que j’allais avoir, mais à part pour la bière tiède, c’était plutôt pas mal !
Le repas du dernier soir à Harbin dans un petit restaurant pour les locaux

Puis je suis allée me coucher tôt. Lever prévu le lendemain très tôt pour avoir le temps de retourner jusqu’à la gare Ouest avant mon train à 10h du matin. Et comme on ne se refait pas, je suis retournée à pied jusqu’à la station de métro la plus proche, ce qui m’a quand même pris 1h (nettement moins longtemps qu’à l’aller !).

Quelques images supplémentaires d’Harbin

4 réponses sur “Harbin, la cité des glaces”

  1. Jacques Dutronc disait en 1970 « Sept cent millions de chinois Et moi, et moi, et moi….  »
    En 2019, c’est « Mille quatre cents millions de chinois et toi, et toi et toi…. »
    Bon courage mais on sait que tu t’en es sortie…

  2. Bonsoir Sophie ,

    Magnifiques les sculptures sur glace; quelle dommage qu’au premier rayon de soleil, elles
    fonderont. Tes commentaires sont très expressifs, je me demande « quel est le regard des chinois » en te voyant avec tes bagages sur le dos sillonnant leur pays?. Je me régale à te lire mais je te trouve très courageuse de parcourir seule l’Eurasie.
    Je t’embrasse

  3. Coucou Mamy,

    Les jolies sculptures d’Harbin ont encore quelques mois devant elles avant de fondre, même par de belles journées ensoleillées, il fait vraiment très froid dans cette partie de la Chine.
    Sinon j’ai en effet eu droit à des regards un peu surpris en me baladant avec mon sac-à-dos, la Chine n’est pas très touristique, surtout à cette période de l’année, et tout mon chargement en a laissé plus d’un perplexe. Mais en tout cas, c’est vraiment une expérience hors du commun et inoubliable !

    Je t’embrasse.
    Sophie

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