Tagong, en s’enfonçant dans les montagnes

Tagong, au fond sommet des montagnes et au sommet fond de la galère.

Du 6 au 7 Janvier.

Par Sophie – Le 29 septembre – A Houai Xai, où la saison des pluies a commencé avec 1 mois de retard et a fini avec 1 mois d’avance. Mais on le sait tous, le dérèglement climatique c’est un complot des scientifiques !

Après 3 jours / 3 nuits sans douche (et je continue à compter), je suis partie au petit matin pour Tagong, minuscule village dans les montagnes, à un embranchement de la route qui relie Kangding à Lhassa au Tibet.
Bon cela dit, Lhassa c’est pas tout près non plus !
Le trajet sur la route entre Kangding et Lhassa

Le bus (enfin le mini-bus) qui relie Kangding à Tagong part tous les jours entre 7h et 9h du matin depuis l’arrêt de bus en face de la gare routière, un peu plus bas que le parking des taxis et tuk-tuk. Munie de ces informations très détaillées, je suis partie de l’auberge de Kangding, sans regret, en compagnie de JR qui voulait s’assurer que j’arrivai à trouver mon bus, à 6h30.

L’avantage c’est qu’on a pu voir le lever du soleil, l’inconvénient, c’est qu’il faisait encore très froid.Petit à petit, des locaux ont commencé à attendre des bus jusqu’à ce qu’un 1er bus arrive, vers 7h15. J’ai alors demandé au chauffeur s’il allait à Tagong. La méthode du mot clé, toujours efficace, a été facile à appliquer ici : « Tagong? ». Réponse : « No ».

On a donc pris notre mal en patience, on s’est acheté un petit dej et vers 7h45 un bus est arrivé. Les locaux ont attiré mon attention en le montrant du doigt : « Tagong, Tagong » avec des signes de tête. Aaaah ! Mon bus !
Je me suis donc installée sur un siège libre avec toutes mes affaires et j’ai attendu.Au bout de 10 minutes, le chauffeur m’a fait payer mon ticket.

Puis j’ai attendu…

Au bout d’un moment un chinois est arrivé, a chargé des gros sacs dans le bus, a marqué un numéro de téléphone et un nom sur les sacs (enfin je suppose) puis il est repartit.

Puis j’ai attendu…

Encore un moment plus tard, le même chinois est revenu, a enlevé les sacs du bus pour les charger dans un mini-van… C’est là que j’ai compris la remarque de JR sur le fonctionnement des chinois : « No plan, what so ever » et effectivement, ils n’ont pas de plan, en tout cas, le chinois lambda au milieu/fond de la Chine n’a pas de plan. Il peut décider (et quand ils sont à moto, ça fait très peur) à tout moment de faire demi-tour parce qu’un truc à faire lui est monté au cerveau !

Puis j’ai attendu…

Finalement, les autres personnes qui attendaient sont montées dans le bus (a priori elles, elles savaient qu’on allait pas partir de suite de suite quand le bus est arrivé), on a attendu le chauffeur, j’ai dit au revoir à JR et on est partit !

Il était 8h40… Finalement, 1h d’attente dans la rue puis 1h d’attente dans le bus, ça aurait pu être bien pire (ah oui, sauf qu’il faisait 5° !).
C'est partit pour Tagong

En tout cas, me voilà partie pour de nouvelles aventures.
C'est partit pour de nouvelles aventures

Et la route qui s’enfonce dans les montagnes est impressionnante. Tagong étant située à 3800m d’altitude, il a fallut monter.
Sur la route de Tagong

En tout cas, la route était plutôt bonne et bien entretenue, tout en serpentant dans la montagne.
Sur la route de Tagong

Et le paysage est vraiment époustouflant. A ce moment là j’arrive dans ce qu’on appelle le plateau tibétain, immense étendue plus ou moins plate à 4000m d’altitude, dominée par les sommets de l’Himalaya, qui eux montent à plus de 8000m.
Sur la route de Tagong en atteignant le plateau à 4000m

Puis, on a quitté la « grande » route de Lhassa pour tourner à droite après le petit village de Xinduqiao et suivre la rivière qui remontait jusqu’à Tagong.
Sur la route de Tagong

Partout le long de la route des fanions multicolores et des écritures blanches en tibétains indiquent des endroits dédiés au Bouddhisme.
Les signes bouddhistes sur la route de Tagong

Puis, on a croisé les premières maisons de différents petits villages le long de la rivière.
Les maisons sur la route de Tagong

Avec des architectures assez intéressantes, en tout cas qui n’ont pas grand chose à voir avec les grosses métropoles chinoises.
Les maisons sur la route de Tagong

Finalement on est arrivé en ville un peu avant midi. Un trajet somme toute assez efficace et la navette nous a déposés sur la place principale, à côté du temple du village.
La navette sur la place du village à Tagong

Il faisait beau, plutôt chaud même en plein soleil et j’étais arrivée suffisamment tôt pour avoir le temps de me promener. L’opération Tagong se passait donc plutôt bien. C’est alors que Murphy s’en est mêlé.

J’avais choisi d’aller à Tagong sur les conseils d’un Israélien rencontré à Chongqing avec qui j’avais passé une partie de la soirée de noël. Il y était lui-même allé en novembre et m’avait chaudement recommandé une des auberges de jeunesse de la ville.

Avant de débarquer à Tagong, j’avais bien essayé de réserver dans la fameuse auberge. J’avais envoyé plusieurs mails, essayé d’appeler à plusieurs reprises, mais toutes mes tentatives de communication s’étaient soldées par des échecs. Oui, je sais, ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais qu’est-ce que vous voulez, on se refait pas !

J’ai donc rapidement trouvé l’auberge en question, grimpé les escaliers vers l’entrée pour trouver… Porte close ! Bien sûr. Me disant qu’ils étaient peut-être sortis faire une course, je suis redescendue et j’ai attendu. A ce moment là, un des habitants du village est venu me voir et par Google Trad interposé m’a demandé ce que j’attendais, puis il m’a conduite à la porte, a toqué plusieurs fois en appelant. Puis il m’a souri, m’a dit qu’ils allaient arriver, et il m’a plantée là.

J’ai donc pris mon mal en patience, je me suis posée au soleil, à proximité de l’auberge et j’ai attendu.

J’ai attendu…

Au bout d’1h, je me suis fixée de ne pas attendre plus de 2h30 et de me mettre à chercher une solution alternative si personne n’était arrivé avant 14h30. Avec la nuit qui tombe à 16h30, ça me laissait 2 bonnes heures pour trouver une solution d’hébergement si personne ne se pointait à l’auberge.

J’ai attendu…

C’est long 2h30 assise sur un bout de trottoir en guettant désespérément les voitures au cas où l’une d’entre elles serait conduite par une personne ayant une solution à mon problème : trouver un endroit où dormir à 4000m d’altitude, dans un endroit où tout le monde t’explique qu’il faut se méfier des chiens sauvages, particulièrement la nuit quand les rues sont vides.

A 14h, j’ai vraiment commencé à monter en pression et j’ai essayé de trouver des informations sur internet. Heureusement que Google existe parfois (oui, on pourrait débattre de cette phrase pendant des heures, mais à ce moment là, je vous assure que j’étais heureuse de pouvoir lancer comme recherche « logement Tagong Sichuan » sur Google et avoir des résultats !).

Finalement, à 14h30, comme personne n’était arrivé à l’auberge, j’ai remis mes sacs sur mon dos et je suis partie en quête d’une solution pour dormir. Sur Wikitravel (site très utile, quand il est à jour), une deuxième auberge de jeunesse dans une ruelle un peu en contrebas de la place principale était indiquée. Je suis donc partie à sa recherche, pour ne jamais la trouver… Quelques recherches supplémentaires m’ont appris qu’elle avait fermé plusieurs années auparavant.

Bon… Retour à la case départ…

Il y avait une Guest House juste à côté de l’auberge où je pensai dormir. Tout avait l’air fermé, mais il y avait un numéro de téléphone. Avec une pensée pour mon hors forfait (mais là c’était un cas de force majeure), j’ai donc appelé le numéro où, double miracle :

  • Quelqu’un a répondu !
  • La personne parlait anglais !!!

Je lui ai donc expliqué mon problème : j’avais essayé de réserver dans l’auberge voisine, personne n’avait répondu mais j’avais décidé de venir voir quand même et que donc j’étais à Tagong devant une porte close.

Là, il y a eu un petit battement, et le gars m’a répondu que en effet, ils étaient tous fermés pour l’hiver…

Ha…

Heu…

Mais…

Comment…

Je veux dire…

Heu…

Mais…

Je fais comment là moi ?

Réponse : il devrait y avoir un hôtel dans la rue principale en descendant à droite ouvert toute l’année. Si jamais il est fermé je peux rappeler, on essaiera de trouver une solution pour ce soir.

Merci alors.

Je suis donc partie à a recherche de l’hôtel en question. Un des commerçants dans la rue me l’a indiqué et je suis arrivée à l’entrée, où il n’y avait personne. Je me suis donc assise et j’ai attendu (patience, patience !).

Au bout d’une dizaine de minutes, quelqu’un est arrivé, qui parlait relativement anglais. Je lui ai donc demandé s’ils avaient des chambres de libre : oui !!!

Par contre c’est 300¥ (soit 40€), donc si je veux il peut me montrer la chambre. Oui, bien sûr, je veux bien voir la chambre, mais c’est pas vraiment comme si j’avais le choix non plus.

On est arrivé dans la chambre, et là… Des étoiles plein les yeux !
Une baignoire dans la salle de bain (enfin, une douche !).
La baignoire dans la chambre de l'hotel

Un trône à la place des toilettes (et le PQ fourni) !
Le trone de l'hotel

Et deux grands lits doubles avec couverture électrique, vrai matelas et grande baie vitrée !
Le lit dans la chambre d'hotel

Verdict ? Je prends ! 40€ c’est hors budget, mais vu la situation, c’est pas comme si j’avais beaucoup le choix et puis au moins, j’aurais droit à une nuit confortable après mes 3 nuits à Kangding.
En plus il y avait une grande télé dans la chambre sur laquelle j’ai pu connecter mon disque dur et regarder des films le soir.

Je découvre en explorant la chambre qu’il y a du chauffage dans la salle de bain. Je l’allume et le temps qu’il chauffe la pièce, je suis descendue au restaurant de l’hôtel pour manger. Menu en chinois, ou traduit en… Tibétain, ce qui n’aide pas des masses. Un petit coup de Google Trad plus tard, je me décide pour la soupe de nouille Tibétaine.
La soupe de nouille tibétaine

Faites au riz complet, les pâtes sont beaucoup plus nourrissantes que celles faites avec le riz blanc et elles trempent dans une vrai soupe et pas juste un bouillon. C’est donc rassasiée que je suis remontée dans ma chambre pour prendre UNE DOUCHEEEEE !

Et là, la douche froide ! Dans tous les sens du terme. Il n’y avait pas d’eau chaude…

C’est donc toute triste que j’ai commencé à remplir le fond de la baignoire à l’eau froide avant de faire bouillir de l’eau dans la petite bouilloire de la chambre d’une contenance d’1L.
Une bonne heure plus tard et maints allers/retours entre la bouilloire et la baignoire, la température de l’eau était tiédasse et il devait faire un petit 18° dans la salle de bain. J’ai donc fait ce qu’on appelle communément une toilette de chat, quand même la bienvenue après 5 4 jours / 3 nuits sans douche.
(Edit du 01/10 : Je voudrais remercier Lili pour tous ses commentaires et m’excuser platement, je me suis embrouillée dans les piquets et les intervalles…).

Après toutes ces émotions, j’ai envoyé un message à JR pour lui raconter mes aventures et je lui ai demandé comment ça se passait à Litang, le bled, encore plus éloigné de Kangding, où lui se rendait et où j’avais éventuellement prévu d’aller ensuite. Comme a priori ça se passait mieux que pour moi à Tagong, j’ai décidé de le rejoindre le lendemain.

Je suis donc descendue demander au gars qui parlait anglais à la réception de mon hôtel comment me rendre à Litang le lendemain.

Heu…

Ben prendre un taxi jusqu’à Xinduqiao et de là chercher un transport pour Litang.

Voilà, voilà ! Je suis donc remontée me coucher tôt, pour être sur le pied de guerre le plus tôt possible le lendemain matin histoire de me donner toutes les chances d’atteindre Litang dans la journée…

Litang, la ville des cow-boy sur la route de Lhassa  (bientôt en ligne) >>

2 réponses sur “Tagong, en s’enfonçant dans les montagnes”

    1. Coucou Lili ! Je dois admettre avoir fait un échec de comptage de piquets et d’intervalles (…). J’ai fait la correction dans le texte. Merci 😉.
      Pour l’odeur, moi non plus je n’en parlerai pas (enfin pas encore, il faut bien que je garde un peu de suspense pour les articles qui viennent !).

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