Litang, en suivant la route de Lhassa

Litang, sur le plateau Tibétain, au milieu des cow-boys et leurs troupeaux de yaks.

Du 7 au 8 Janvier.

Par Sophie – Le 5 octobre – A Houai Xai, entre boulot, bouffe avec les collègues et préparation de l’arrivée de mes parents qui viennent voir comment je vis au Laos. Ils arrivent demain :).

Juste pour le plaisir, voilà où m’avait laissée la seule personne qui parlait anglais à Tagong :
« Pour aller à Litang ? Ben prendre un taxi jusqu’à Xinduqiao et de là chercher un transport pour Litang. »

C’est avec ces précieuses informations en tête que je me suis levée à 7h du matin pour trouver un taxi pour Litang
Arrivée un peu avant 8h sur la place principale de Tagong où des chauffeurs de taxis commençaient à se rassembler, j’ai engagé la discussion avec l’un d’entre eux.

Et là, le drame… Google ne parle pas Tibétain et les Tibétains dans les montagnes ne lisent pas le Chinois… Peut-être qu’ils le parlent mais ça m’aidait pas beaucoup dans les circonstances. J’ai donc remisé mon téléphone dans ma poche et je me suis lancée avec les mots clés.

La discussion s’engage et je commence (c’est un peu fastidieux comme exercice, mais bon, j’avais pas trop le choix).
Moi : « Litang, Today, Okay ? »
Le chauffeur : « Litang, Okay, Okay ! »
Moi : « Litang, not Xinduqiao »
Le chauffeur : « Litang, Okay, Okay »
Moi (en montrant ma montre) : « What time ? »
Le chauffeur (il écrit les chiffres dans la poussière du pare brise) : « 8h30 »
Moi (en faisant le signe universel de l’argent avec ma main) : « How much ? »
Le chauffeur (il écrit les chiffres dans la poussière sur le pare brise, à côté de l’heure) : « 300¥ »
Moi (en écrivant les chiffres dans la poussière sur le pare brise, à côté de son prix, que je barre) : « 150¥ »
Le chauffeur (il fait non de la tête avec véhémence et écrit d’autres chiffres) : « 250¥ »
Moi (en secouant la tête) : « 200¥ »
Le chauffeur (en montrant les 200¥) : « Okay, Okay »

Histoire de m’assurer qu’on est bien d’accord, je fais un résumé (les gars, je vous préviens, quand je rentre je serais absolument imbattable au Time’s Up !) :
Je montre les chiffres « 200¥ », puis je fais mine de conduire en disant « Litang » et en me montrant du doigt, puis je fais non de la tête en disant « Xinduqiao ». Il me regarde et souri en faisant oui de la tête.
Puis je montre mon poignet et je dis « 8h30 » en montrant les chiffres écrits un peu plus tôt dans la poussière.

Bon ben, deal alors 🤜🤛!

Et je m’installe dans la voiture.
Voiture, mesdames et messieurs avec de la fourrure de yak sur tous les sièges 🤩! Au moins, ça tient chaud !

Le temps que mon chauffeur trouve quelques personnes pour remplir sa voiture, on est parti à 8h45. Et en sortant du village on a croisé un troupeau de yaks qui remontait la route.
Des yaks sur la route en quittant Tagong

Puis on a redescendu la route que j’avais monté la veille avec le minibus vert depuis Kangding. Météo toujours au beau fixe et paysage toujours aussi spectaculaire !
Le paysage sur la route de Litang

Puis, après 45 minutes de route à peu près, on est arrivé à Xinduqiao où, je vous le donne dans le mille, mon chauffeur m’a déposée.

Mais…

Heu…

Comment…

On avait dit Litang…

Et le bonhomme, tour sourire qui me montre un autre gars du doigt en disant « Litang, Litang », puis il se montre et il dit « Litang, no »…

Ouais mais moi, je veux arriver à Litang aujourd’hui.

Comme je n’avais de toute façon pas le choix, je me retourne vers mon nouveau chauffeur et je lui demande :
« Litang ? »
Lui : « Yes »
Moi (en lui montrant mon poignet pour signifier l’heure) : « Today. Not tomorrow. »
Lui : « Yes, Yes »

Bon ben, d’accord alors. Puis je me retourne vers mon ancien chauffeur et je lui demande comment je paye.
Et on était repartis pour une partie de Time’s Up…
Le Chauffeur n°1 (en écrivant 200¥ dans le poussière sur le pare prise de la voiture) : « Litang 200¥ »
Puis il désigne le Chauffeur n°2.
Je comprends donc que je donne la totalité de la somme au Chauffeur n°2.
Chauffeur n°2 qui n’a pas l’air d’accord et qui commence à parler avec animation avec le Chauffeur n°1.
J’attends, dans les starting blocks si jamais ils veulent augmenter le prix (ce que j’ai prévu de refuser).
Le Chauffeur n°1 se tourne finalement vers moi et recommence à écrire dans la poussière du pare brise (la crasse comme moyen de rapprocher les peuples 🤣):
<– 100¥ et à côté 100¥ –>
Puis il m’explique que je lui donne 100¥ et que je donnerai 100¥ au Chauffeur n°2 en arrivant à Litang.

Deal !

Ils récupèrent mon sac dans le coffre et vont le mettre dans le coffre d’une autre voiture, puis je m’installe au soleil pour attendre que des gens soient intéressés pour prendre la voiture dans cette direction. Et oui, tant que le voiture est pas pleine, on part pas. Comme je n’avais pas du tout l’intention de passer a nuit à Xinduqiao, je retourne mettre la pression à n°2 pour m’assurer qu’il cherche vraiment des gens.

Il envoie 2 des jeunes de la bande de chauffeurs qui traînent dans le coin et je me pose au soleil en attendant. C’est à ce moment là qu’un premier des jeunes qui étaient encore là (probablement le moins timide et parlant quelques mots d’anglais), vient me voir, me demande comment je m’appelle, d’où je viens et si je veux bien l’épouser 😅!

C’est un peu rapide là jeune homme !

Puis, voyant que ça m’a surtout bien fait rigoler, les autres ont commencé à se rapprocher et à se rassembler autour de moi. Avant même que j’ai eu le temps de réagir, j’avais eu trois nouvelles demandes en mariage ! Puis quand ils ont commencé à être un peu trop près et un peu trop pressant, j’ai levé les mains devant moi, les leaders de la bande ont saisi l’occasion pour faire déguerpir les plus jeunes et ont continué à me poser des questions pendant que j’attendais.

Il faut croire que mon insistance à vouloir partir le jour même a eu un certain effet, j’ai attendu en tout et pour tout 30 minutes avant qu’ils ne me trouvent des compagnons de route et que la voiture, avec un autre chauffeur que n°2, ne parte en direction de l’Ouest, dans les montagnes.

Et la route est toujours aussi belle.
Le paysage sur la route de Litang

En plus comme il fait beau, c’est vraiment impressionnant.
Le paysage sur la route de Litang

On se sent tout petit au milieu de ces sommets, à 4000m d’altitude.
Le paysage sur la route de Litang

En voyant que je faisais des photos par la fenêtre, le chauffeur a proposé qu’on s’arrête pour que je puisse faire des photos. Super, merci 😊.
Le paysage sur la route de Litang

On s’est arrêté sur le bord de la route, où des morceaux de tissus étaient attachés.
Le paysage sur la route de Litang

Renseignements pris, il s’agit de drapeaux de prières. Des prières sont imprimées sur ces morceaux de tissus qui sont ensuite placés dans les endroits où le vent souffle. De cette façon, quand le vent agite les drapeaux, les prières sont envoyées dans le ciel jusqu’aux dieux. On en voit partout dans la région.

Et les montagnes s’étendent toujours à perte de vue.
Le paysage sur la route de Litang

Encore une bonne demi-heure de route sur le plateau, le temps d’admirer le paysage avant d’arriver en ville.
Le paysage sur la route de Litang

J’ai rejoint JR à l’auberge où il était. Et j’ai appris par la même occasion que l’auberge de jeunesse la plus sympa du village était fermée pour le mois de janvier (décidément pas le meilleur moment pour voyager dans ces contrées reculées !).

Du coup, pas de problème de disponibilité de lits et de chambres dans le petit hôtel où JR avait une chambre et j’ai pu poser tout mon bazar dans ma chambre pour la nuit.
La chambre de l'auberge

Puis je me suis occupée des détails logistiques : comprendre que j’ai réussi à récupérer une couverture électrique pour la nuit, qui promettait d’être glaciale sans chauffage, et qu’on m’a montré les douches et toilettes en m’expliquant bien qu’il n’y avait pas d’eau (ici aussi, le froid avait fait des siennes et les tuyaux avaient gelé la semaine précédente). Au point où j’en étais avec les douches de toute façon…

Ceci étant réglé, JR m’a fait une visite de la ville. On a commencé par le repas de midi dans une petite gargote à côté de l’hôtel où on a fini par aller directement en cuisine pour montrer ce qu’on voulait. En l’absence de menu et de langue commune, pas moyen de faire autrement.

En tout cas, notre incursion dans la cuisine a payé, on s’est régalé de raviolis 🤤!
Les raviolis tibétains

Rassasiés, on est partit à la découverte de la ville, où les gens étaient très contents de nous voir, les enfants nous suivaient en répétant les quelques mots d’anglais qu’ils connaissent et les adultes répondaient à nos « Tatchidelek » (bonjour en tibétain) en souriant. Il y a pas à dire, après plus d’un mois en Chine, ça change et ça fait plaisir de se retrouver dans un endroit où les gens ont l’air contents de voir des étrangers.

On a atteint la place principale du village décorée par une grande fresque.
Balade dans Litang

Puis on a trouvé un magasin, plutôt drôle, c’est l’équivalent de nos magasins « tout à 2€ » !
L'équivalent local des magasins tout à 2€

Les devantures des magasins fermés étaient vraiment jolies. En bois peint et décoré, ça pourrait être une idée pour les commerçants du centre de Toulouse quand ils en pourront vraiment plus de changer leurs vitrines après chaque manif.
Les vitrines locales

Les rues étaient pas franchement noires de monde, mais mignonnes.
Balade dans Litang

L’architecture locale est assez intéressante avec des grandes maisons faites en pierres et en torchis.
Une maison à l'architecture traditionnelle

On a pu admirer une maison parfaitement entretenue.
Une maison en ville

Et une avec une architecture typique de la région, qui mériterait un ravalement de façade, mais dont on devine encore qu’elle devait être habitée par une famille importante.
Une très ancienne maison traditionnelle

Chemin faisant on a atteint une petite place avec d’un côté un temple, un peu défraîchi, qui abritait les vieux du village du vent pendant les longues heures de la journée.
Un temple bouddhiste à Litang

Et de l’autre un arbre plein de drapeaux de prières.
Un arbre sacré à Litang

Et juste derrière, un four à bois, impressionnant.
Un four à bois dans les rues

En nous dirigeant vers le temple principal de la ville, on est tombé sur une petite boutique vendant des alcools locaux ! Vous me connaissez, ma curiosité naturelle m’a poussée à entrer et histoire d’être sûre de pas me tromper, j’ai demandé si je pouvais goûter les différents breuvages proposés (Miam !).
Une échoppe d'alcool

On s’est décidé pour un bidon de la bière locale, beaucoup plus amère et astringente que celle que j’avais goûté en canette à Kangding. Et on est parti, avec nos deux verres en sirotant notre bière, direction le temple (oui, moi aussi ça m’a surprise, mais apparemment, ça pose pas de problème).

En continuant la route vers le temple principal on a croisé un petit yak, tout mignon !
Un yak solitaire dans les rues de Litang

Et on a enfin atteint le temple, à l’intérieur duquel un immense cylindre trône. Les gens le font tourner en le tenant pendant qu’ils marchent en cercle en priant.
La cloche de prière à l'intérieur d'un temple bouddhiste à Litang

Puis, on a suivi le chemin de prière le long d’une allée autour du bâtiment principal où on fait tourner des cylindres sur eux-même en avançant et en priant.
Le chemin de prière dans un temple bouddhiste à Litang

Finalement on a pu admirer les stupas, où sont enterrés les moines.
Les stupas dans un temple Bouddhiste de Litang

En retournant vers l’auberge, on a pu admirer les lumières du coucher de soleil sur la ville.
Litang au coucher du soleil

De retour à l’auberge, on a commencé à discuter programme et plan de bataille. Vu la situation dans les montagnes, je vous fais un petit récap :

  • De l’eau nulle part et pas de douche depuis presque 1 semaine.
  • La plupart des auberges de jeunesse fermées pour l’hiver.
  • Des températures glaciales la nuit et froid à l’intérieur le jour, au point que depuis 1 semaine, on enlève nos doudounes que pour dormir (et je vous explique même pas l’odeur…).

La situation était assez critique et n’allait pas s’arranger si je décidai de continuer dans les montagnes vers Shangri-La et les Gorges du Tigre, dans le Yunnan.

J’ai donc fini par me laisser convaincre d’aller à Shanghai à la dernière soirée du Mansion, où Hasan, DJ de son état, devait jouer le samedi suivant.

On a fait nos calculs :
Au mieux (en partant à 7 heures du matin et avec tout qui se goupille super bien), on pouvait arriver à Chengdu en 1 journée. Vu qu’on était déjà le lundi soir, si on partait le mercredi, on arrivait à Chengdu le jeudi soir, et comme il faut une journée entière de train (ou une nuit entière de train) pour arriver à Shanghai, ça nous laissait aucune marge.
On a donc décidé de partir de Litang le lendemain (on avait de toute façon fait le tour de la ville dans l’après-midi et un bon nombre de restaurants/cafés/activités étaient fermés pour la saison basse), le plus tôt possible pour trouver une voiture qui nous amènerai jusqu’à Kangding d’où on avait bon espoir de trouver un bus pour Chengdu directement.

On est donc allé nous coucher pas trop tard, si on voulait être sur le pont pour négocier une voiture à 7h le lendemain matin, il allait falloir démarrer tôt !

2 réponses sur “Litang, en suivant la route de Lhassa”

  1. Lost in LITANG?
    Salut Sophie, bonne année de Bruxelles ensoleillé.
    J’espère que tout va bien et que l’on va pouvoir avoir de tes nouvelles bientôt.
    Bonne route.

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