De Litang à Suzhou, petite traversée de la Chine.

Votre mission, si vous l’acceptez : Rejoindre Shanghai en 5 jours.

Du 8 au 12 Janvier.

Par Sophie – Le 18 février 2020 – A Chiang Mai, pour une semaine de vacances, l’occasion de redécouvrir la Chine d’avant l’épidémie de Corona Virus et de reprendre le récit de mes aventures après une longue pause. Prêts pour la Saison 2 ?

En ce 8 Janvier 2019, il y a plus d’1 an donc, je me trouvais dans une chambre d’hôtel au milieu des montagnes du Sichuan, sur le plateau Tibétain à 4000 mètres d’altitude et la situation n’était pas très brillante (petit récap pour ceux qui ne seraient pas retourné lire l’article précédent) :

  • De l’eau nulle part et pas de douche depuis presque 1 semaine.
  • La plupart des auberges de jeunesse fermées pour l’hiver.
  • Des températures glaciales la nuit et froid à l’intérieur le jour, au point que depuis 1 semaine, on enlève nos doudounes que pour dormir (et je vous explique même pas l’odeur…).

On en conviendra, la situation était assez critique et n’allait pas s’arranger si je décidai de continuer dans les montagnes vers Shangri-La et les Gorges du Tigre, dans le Yunnan.

J’ai donc fini par me laisser convaincre d’aller à Shanghai à la dernière soirée du Mansion, où Hasan, DJ de son état, devait jouer le samedi suivant. Le samedi suivant, c’était le 12 janvier 2019 et comme on était déjà le lundi 7 janvier, on avait plus beaucoup de marge pour arriver à temps à Shanghai, situé à plus de 2 200 km de Litang.

Comme ce n’est pas un secret, et que vous savez déjà que nous avons réussi à arriver à Suzhou, idéalement située à 30min de train de Shanghai, notre camps de base pendant le week-end, voici une carte avec le trajet de notre périple de l’Ouest à l’Est de la Chine.

De Litang à Suzhou, la traversée de la Chine en 1 semaine

Notre défi en ce mardi 8 janvier 2019 à 6h30 du matin (on est parti, la famille qui gère l’hôtel où on était dormait encore) était de trouver un moyen d’arriver à Kangding suffisamment tôt pour attraper le dernier bus de la journée (prévu en début d’après-midi) pour Chengdu. Pas question de passer une nuit de plus à Kangding dans la même auberge que quelques jours plus tôt.

On s’est donc retrouvé à parlementer avec les chauffeurs de taxis à l’entrée de Litang alors qu’il faisait encore nuit. Autant être honnête, le début des négociations ne s’est pas très bien passé. Aucun des chauffeurs rassemblés en cette heure matinale ne parlait anglais (ni chinois d’ailleurs, mais on en a déjà parlé, ça ne change pas grand chose de toute façon) et n’ayant pas eu de révélation en tibétain pendant la nuit, la communication allait être difficile, surtout qu’on avait pas encore eu de café.

Comme le ton montait un peu entre JR (mon compagnon de voyage depuis quelques jours) et certains chauffeurs, on a décidé de calmer le jeu en attendant que les chefs arrivent et on est allé manger des raviolis tous chauds (franchement, ça remplace pas un bon cappuccino, mais ça fait plaisir quand même). Comme prévu, le temps qu’on finisse nos raviolis, un des organisateurs du bazar ambiant, qui parlait un peu anglais, nous a rejoint et on a pu commencer à négocier le trajet pour Kangding. L’affaire a été rondement menée et on s’est mis d’accord pour un prix et un départ à 8h30 au plus tard, même si la voiture n’était pas pleine.

Finalement, ils nous ont trouvé des compagnons de route en deux temps trois mouvements et j’ai été obligée d’engloutir la fin de mes raviolis avant qu’on parte, 20min plus tôt que prévu. En route pour Kangding, temps de trajet estimé ? Entre 4 et 6 heures de route…

En quittant Litang au petit matin, de retour sur la route dans les montagnes du Sichuan

C’était sans compter avec nos chauffeurs, a priori enthousiastes à l’idée de nous montrer comment on conduit dans la région. Et malgré quelques moments d’inquiétudes, dont l’intensité dépendait des crissements des pneus sur la route et de la distance entre la voiture et le précipice en contre bas, nous sommes arrivés à Kangding à 11h30, à peine plus de 3 heures après avoir quitté Litang.

Cette 1ère étape de notre périple terminée avec succès, et en avance sur nos meilleures estimations, nous sommes passés à l’étape 2 : trouver un moyen de rejoindre Chengdu (à 6 heures de bus de Kangding) dans la journée. Arrivés à la gare routière, tout s’est parfaitement goupillé, il restait des places dans le bus de 14h. On a donc acheté nos billets et on est allé manger un morceau.

On a trouvé un petit restaurant à côté de la gare, avec une petite salle à l’étage où on a pu s’installer et commander des soupes de nouilles, excellentes !
Petite pause soupe entre le taxi et le bus avant de quitter Kangding

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à douter. Tout se passait trop bien. On avait réussi à quitter Litang suffisamment tôt et à un prix abordable, il y avait encore des places dans le bus pour Chengdu et on avait même le temps de manger avant le départ, quelque chose allait se passer, ça devait forcément foirer à un moment donné…

Et bien non ! Contre toute attente et malgré mon scepticisme grandissant, nous sommes arrivés sans aucun problème à Chengdu, le bus était même super confortable !

Une fois arrivés à Chengdu, notre 1er réflexe a été de trouver à manger (oui, je vous voyais venir, vous vous êtes dit qu’après 1 semaine sans douche d’aucune sorte, trouver une auberge et une douche allait être notre priorité ?) ! Laissez-moi vous expliquer, quand ça fait 1 semaine que tu portes plus ou moins les mêmes vêtements et qu’ouvrir ta doudoune a pour principal effet de tuer les mouches autour de toi, en fait tu t’habitue à ta propre odeur (oui, oui, c’est dégoûtant), alors qu’en Chine, les restaurants ferment assez tôt. Pas question donc de rater le dîner au profit d’une douche CHAAAUUUDDDDEEE qu’on allait pouvoir prendre dans les heures à venir.

On a donc fait un direct vers un petit resto italien où on a commencé par enlever nos doudounes (heureusement la cuisine était ouverte sur la salle, ça camoufle les odeurs) avant de se régaler d’un plat d’houmous maison, un régal !
Joie et bonheur du retour à la civilisation, la diversité alimentaire

On a continué les hostilités avec des pizzas, qui je dois le reconnaître a été une des meilleures que j’ai mangé du voyage (bon, depuis j’ai passé du temps à Vientiane, capitale du Laos, où Robi, italien de son état, fait, à mon avis, les meilleures pizzas de cette partie du monde).
Joie et bonheur du retour à la civilisation, la diversité alimentaire

Puis on est allé à l’auberge de jeunesse où JR a l’habitude de loger quand il est à Chengdu. Avec une nuit de marge pour atteindre Suzhou (à une journée de train de Chengdu), on a décidé d’y rester 2 nuits pour profiter un peu de la ville et de sa gastronomie et gérer la logistique, notamment la lessive (enfin !).

Le ventre plein, j’ai pu passer à l’événement que j’attendais depuis plusieurs jours : prendre une douche chaude ! On pourra dire ce qu’on veut, j’en ai apprécié des douches dans ma vie, mais celle là, elle est hors catégorie !

Le lendemain on est partit se balader dans Chengdu, principalement intéressés par la nourriture locale. Le Sichuan (on l’a déjà vu quand j’y avais passé presque 10 jours) a déjà pas mal de spécialités culinaires (souvenez-vous du « Mappo Toffu » que j’avais cuisiné pendant mon cours de cuisine fin décembre), mais en plus de nombreuses minorités y sont installées, on y trouve donc des spécialités de nombreuses régions de la Chine.

On est donc allé manger un hamburger ouïgour (cette minorité musulmane du nord-ouest de la Chine que le gouvernement Chinois est actuellement entrain d’assimiler de force à coup d’internement forcé dans des camps de « déradicalisation », de surveillance extrême des réseaux sociaux et de la population civile de la région).
Exploration des spécialités culinaires du Sichuan

Plutôt surprenant, très nourrissant, le pain était en fait remplacé par une sorte de feuilleté remplis de viande émincée et cuite avec des oignons. Pas mauvais, mais calorique !

Mais le vrai truc dans le Sichuan c’est le Hot Pot ! Institution culinaire, il y est excessivement épicé et plein de poivre, le fameux poivre du Sichuan qui anesthésie la bouche quand on mord dans un grain.
Si dans beaucoup de régions, notamment au Yunnan et au Laos, le Hot Pot se fait avec un bouillon, au Sichuan, c’est dans de l’huile pimentée que les aliments sont cuits.

L’huile est préparée à l’avance dans d’immense marmite pour laisser le piment infuser dans l’huile chaude. Puis, l’huile refroidie, se fige et est découpée en cube pour être réchauffée ensuite dans des marmites de taille plus humaine lors des « Hot Pot Party ».
Préparation de la spécialité locale, huile pimentée pour le Hot Pot du Sichuan

Le principal challenge de la soirée Hot Pot, c’est qu’elle est un peu difficile à faire en solo. Aucun resto ne sert des Hot Pot pour une personne et comme lors de mes précédents séjours à Chengdu je n’avais pas trouvé de partenaire de Hot Pot, j’étais restée sur ma faim !

C’est donc en compagnie de JR que j’ai pu me brûler les papilles à grand renfort d’huile pimentée et de poivre ! On a trouvé un petit resto au hasard de nos pérégrinations dans Chengdu, remplis de locaux on s’est dit que ça devait pas être mauvais !

Le principe est assez simple, il y a un grand frigo au fond de la salle où on choisit ce qu’on veut faire cuire dans le Hot Pot, viandes, légumes, champignons… Puis chacun se fait son petit mélange d’épices dans un petit bol (oui, au cas où l’huile pimentée ça soit pas assez) et on va s’installer à table où on nous amène la marmite (le « Pot »), remplie d’huile bouillante, posée sur des charbons ardents.

Puis on a plus qu’à plonger la nourriture dans l’huile bouillante et à attendre ! C’est un peu de logistique, mais c’est assez fun à mettre en place :).
Tout est prêt pour la dégustation

Bon c’est vraiment super épicé… J’ai vraiment cru que j’allais perdre le goût à un moment donné ! J’ai aussi réalisé que c’était très salissant à manger, comme le démontre l’état de notre table à la fin de notre repas. Dernier élément que j’avais pas forcément anticipé, l’huile se fige à nouveau en refroidissant, il faut donc bien estimer les quantités qu’on se sert, parce qu’attendre que ça refroidisse, n’est pas du tout une stratégie gagnante dans ce cas de figure !
Une fois rassasiés, une vérité s'impose, c'est pas très propre comme plat à partager

Autre conséquence du Hot Pot du Sichuan et de son piment (âmes sensibles, vous pouvez sauter la lecture de ce paragraphe), le transit ! Comme tous ceux d’entre vous qui ont déjà mangé des plats épicés, la révélation du 2ème effet se fait le lendemain, sur les toilettes, quand on réalise que la nourriture épicée pique autant à l’entrée qu’à la sortie…
Je ne vous ferais pas un dessin, mais le lendemain de cette soirée Hot Pot mémorable, on était dans le train, direction Suzhou ! Autant vous dire que c’est dans ces moments là qu’on apprécie la modernisation à marche forcée de la Chine : il y avait des toilettes occidentales dans notre wagon ! On a donc pu s’y relayer, JR et moi pendant une bonne moitié de notre trajet jusqu’à Suzhou, où nous sommes arrivés, passablement plus légers, dans la soirée du 10.

Arrivés le 10 à Suzhou ! Mission Accomplie ! Tom Cruise n’a qu’à bien se tenir.

Dernière péripétie en arrivant, l’auberge de jeunesse où JR avait prévu de nous emmener était fermée pour travaux ! On a donc dû trouver un plan B, le Blue Gate Hostel, qui s’est avéré être au top, malgré un dortoir vraiment trop petit pour les 8 personnes et leurs bagages qui y logeaient.

Le lendemain, on est allé faire du shopping ! Quitte à aller à une soirée privée dans une boîte underground de Shanghai avec l’agent d’un des DJ de la soirée (j’avoue, à ce moment là de l’aventure, j’y crois pas vraiment), autant faire un petit effort vestimentaire !

Dans la soirée on a rejoint d’anciennes collègues de JR, professeur d’anglais, dans un restaurant japonais où on a bien rigolé.
Arrivée à Suzhou et rencontre avec les Expats locaux

Puis on a rejoint Hasan (le DJ) et Dan, anglais de son état, dans une boîte de nuit de Suzhou.
Du reto à la boite de nuit, une nuit bien plus remplie que prévu

On a bien rigolé, et on est allé terminer la nuit chez Hasan pour qu’il nous fasse écouter en avant première une partie du mix qu’il avait prévu le lendemain. Je ne sais pas trop à quelle heure on s’est couché, mais on a été réveillés par les cris d’un des voisins (également collègue d’Hasan et Dan), venu expliquer avec un vocabulaire particulièrement fleuri ce qu’il pensait de la musique à fond dans l’immeuble jusqu’à 6 heures du matin…

On est finalement retournés vers le centre ville de Suzhou, où était notre auberge, pour retrouver une des filles avec qui on était la veille et qui devait amener à JR sa tenue pour la soirée.

3 réponses sur “De Litang à Suzhou, petite traversée de la Chine.”

  1. Ah !!! Ça fait plaisir de pouvoir suivre à nouveau tes aventures !!!!!
    Affaire rondement mené ce retour à la civilisation, comme quoi il faut bien que ça se passe bien parfois 🙂
    Merci pour la découverte de la cuisine locale et de ses effets et (sans pression !) vivement le prochain ! 🙂

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