Retour à Chengdu pour un cours de cuisine haut en couleur et le réveillon du nouvel an.
Du 28 Décembre au 3 Janvier.
Par Sophie – Le 20 septembre – Entre le retour de mon boss fin août et mes 3 semaines en France, je reprends l’écriture des articles après une longue pause.
Après mes aventures fluviales, j’ai rejoint Yichang dans la soirée du 27 décembre et je me suis mise en quête de mon auberge, normalement à 600 mètres de l’endroit où le bus nous a déposé à la fin de la croisière. C’était sans compter avec les informations disponibles sur le site et le nombres d’immeubles dans la zone. Me fiant aux informations fournies sur booking, je suis entrée dans une résidence privée, j’ai trouvé un immeuble avec le bon numéro et je suis montée à l’étage indiqué. Prise d’un doute en ne voyant pas de panneaux, ni aucun des signes distinctifs habituels à l’entrée d’une auberge de jeunesse, j’ai préféré appeler avant de sauvagement ouvrir la porte. Bien m’en a pris, je m’étais trompée d’immeuble ! Vous imaginez la scène ? Vous êtes en famille, tranquille dans votre appartement dans une résidence sécurisée (ou supposée l’être et vous payez pour ça) et là, une occidentale débarque dans votre salon… Je suis sûre que j’aurais fait sensation.
J’ai donc refait le chemin à l’envers et j’ai essayé d’expliquer à la jeune fille en ligne, très sympathique mais à l’anglais très limité, où j’étais pour qu’elle vienne me chercher. Après 5 longues minutes d’explications sans résultat probant, j’ai trouvé un papy qui passait par là, je lui ai donc donné le téléphone, ils ont échangé quelques chinoiseries et elle m’a récupérée dans la foulée pour m’amener à l’auberge, pas du tout située dans la résidence « sécurisée » !
Sans plus de difficultés, et après une bonne douche chaude (vous savez, celle que je n’ai pas pu prendre à bord du bateau), j’ai passé une bonne nuit de sommeil ! Le lendemain, j’ai pu découvrir la vue depuis un des nombreux balcons de l’appartement (en fait, l’auberge était un appartement dont certaines chambres avaient été reconverties en dortoirs). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la vue était plutôt sympa ! Quand il fait beau, ça doit être un spot vraiment chouette pour glander.
Puis, je suis partie en direction de la gare (un bus direct passait en bas de l’immeuble, trop facile) pour prendre un train direction Chengdu (où je devais récupérer mon passeport le lendemain). Une fois arrivée à la gare, les ennuis ont commencé (le bus direct, c’était trop simple) et avec des travaux partout, impossible de trouver les guichets de vente de billets. Une excursion à la gare routière (par erreur, certes, mais j’ai quand même fait la queue avant de me retrouver devant la guichetière et de comprendre qu’elle ne vendait que des billets de bus…), un bon nombre de marches montées et descendues entre les deux étages de la gare, j’ai fini par trouver les guichets temporaires et j’ai pu acheter mon billet pour Chengdu où je devais arriver dans la soirée.
J’aurais pu y aller en bus, mais outre qu’au lieu de 4 heures, le trajet prend 12 heures, les trains express chinois sont nettement plus confortables !
Sans plus de difficulté, j’ai pu apprécier le chemin entre Yichang et Chengdu pour la 3ème fois en 10 jours (efficacité quand tu nous tiens !). Mais les vallées enneigées en sortant des multiples tunnels sont vraiment magnifiques !
Arrivée à Chengdu, plus tard que ce que j’avais estimé, je suis allée m’enregistrer à l’auberge (la même que celle où j’étais restée la semaine précédente), pour profiter d’un autre de mes cadeaux de noël : la chambre privée pendant 3 nuits !!! Après des mois à dormir dans des dortoirs, j’attendais ça avec impatience !
Cela dit, l’enregistrement n’a pas été simple. Apparemment le fait que mon visa (enfin le papier qui me servait de passeport) expire le lendemain alors que ma réservation était de 3 nuits a beaucoup perturbé l’équipe de nuit à la réception. J’ai eu beau leur expliquer que j’avais prévu d’aller chercher mon passeport le lendemain et que si mon visa n’étais pas renouvelé, je prendrais un vol hors du pays le jour même, j’ai vu le moment où ils n’allaient pas vouloir que je reste… Finalement, contre la promesse que je récupère mon passeport dans la matinée, j’ai enfin pu aller me coucher, non sans avoir eu à leur demander d’allumer le chauffage dans la chambre… C’est un peu la quintessence du service à la chinoise, ils savent que la chambre va être utilisée, ils connaissaient même mon heure d’arrivée, elle est prête mais il ne leur vient pas à l’idée d’allumer le chauffage un peu en avance de phase pour qu’il n’y fasse pas 10° en arrivant.
Finalement, après ces péripéties diverses, j’ai pris un repos bien mérité !
Le lendemain, 29 décembre, l’opération du jour était de récupérer mon passeport et mon visa. Mission accomplie à 13h02 (pas mal hien ?!), en sortant du Public Security Bureau avec mon extension de visa d’1 mois en poche !
Je suis rapidement retournée à l’auberge pour les rassurer et qu’ils puissent m’enregistrer avec un visa valide (gros soulagement du staff à ce moment-là).
Les questions logistiques/administratives réglées, je suis allée me balader et faire les boutiques dans le plus grand centre commercial de la ville. De retour à l’auberge en fin de journée, j’ai découvert le programme du soir : fabrication de porte bonheur. Après la soirée raviolis de la semaine précédente, c’était l’occasion de faire des travaux manuels !
Guidés par un des membres du staff, très sympathique, on s’est lancé dans la fabrication avec une 1ère étape de pliage.
Puis on est passé à l’étape décoration.
Une bien fine équipe, mais on a bien rigolé (et donc oui, on porte les manteaux à l’intérieur, encore et toujours) !
C’est donc au cours de cette activité fort ludique que j’ai fait la connaissance de mes compagnons d’aventures des jours suivants, Lukas et Heike (je garantie pas l’orthographe des prénoms…), jeune couple de hollandais vraiment super sympa.
Le Sichuan est une région de Chine connue et reconnue pour ses spécialités culinaires et sa gastronomie (en plus de leur poivre). On a donc décidé de découvrir cet aspect culturel plus en profondeur dans un cours de cuisine, très bien noté sur internet et proposé par notre auberge. Lukas travaillant dans des restaurants depuis plusieurs années, il avait déjà repéré l’activité avant d’arriver et avait une idée très précise de ce qu’il voulait tester. J’ai donc juste eu à me laisser guider et franchement ? C’est reposant de temps en temps !
Rendez-vous le 31 décembre à 14h. On a fait la connaissance de Lance, notre guide qui parlait un anglais parfait 🤩, en se dirigeant vers le marché du quartier. Marché dans lequel j’avais fait un tour la veille en me baladant en ville, mais avec un guide, ça change tout !
On a commencé avec des défis, un chacun. On s’est retrouvé avec un petit papier sur lequel une phrase en chinois nous permettait de commander un des aliments dont on allait avoir besoin pendant le cours de cuisine. Autant vous le dire, mon talent pour les langues a toujours été (et est toujours d’ailleurs) complètement inexistant !
En attendant le moment fatidique où j’aurais à prononcer mes 5 mots de chinois, on a commencé à explorer le marché et ses stands tous plus étonnants les uns que les autres.
A commencer par un légume qui ressemblait étrangement à un bâton.
Ou encore des légumes à l’air étrange mais familier en même temps.
Les nouilles de riz sous toutes leurs formes.
Les champignons, véritable institution dans le pays et élément indispensable des préparations locales.
Le petit en botte est particulièrement bon dans les hot pots, par contre les fils se coincent facilement dans les dents.
Sans oublier la viande. En Chine (et dans le reste de l’Asie d’ailleurs), rien ne se perd. Absolument toutes les parties des animaux sont mangées et donc sont vendues sur les marchés. On a par exemple pu voir des têtes de porcs fumées, oui, oui la tête entière, on voyait encore le groin, les yeux et les oreilles, mais en 2D, tout plat.
Sinon, les petits animaux sont souvent vendus entiers, comme par exemple ces lapins et poulets.
Surpris, on a demandé à Lance pourquoi les lapins avaient encore leur fourrure aux pattes. Réponse ? Parce que ça indique la fraîcheur. Si la fourrure est blanche et propre, le lapin n’a pas été tué depuis longtemps et la viande est fraîche. Par exemple le lapin le plus à droite sur la photo (avec ses pattes toutes sales) n’était plus de la 1ère fraîcheur (ni 2ème d’ailleurs). Toute personne intéressée pour l’acheter quand même sait qu’elle peut en négocier le prix.
Puis on est arrivé aux défis ! Devant le stand bien garni d’une vendeuse de rouleaux de printemps (enfin à mis chemin entre le rouleau de printemps, la faritas et le kebab), je me suis retrouvée à bredouiller que j’en voudrais 3 s’il-vous-plait. A priori habitués au défi, son mari a commencé à nous préparer les galettes.
Puis on a choisi notre garniture.
Et on a dégusté 🤤!
Directement du producteur au consommateur comme on dirait chez nous.
En arrivant devant le stand de raviolis, 2ème défi, en faire 20, aussi bien que possible pour notre repas du soir !
Le challenge était de taille, à voir la dextérité de la vendeuse, cette façon de replier le ravioli demande pas mal de technique !
Puis, les raviolis en poche, on a continué à explorer ce monde assez merveilleux, des étoiles pleins les yeux !
Entre deux arrêts pour répondre à nos (nombreuses) questions, on est tombé sur ça.
Intriguant hein ? Il s’agit d’œufs « préservés » ou « conservés ». Ces œufs, âgés de 6 à 18 mois 😱 (oui, oui), sont mis à tremper dans une substance (non identifiée) qui permet de les conserver pendant une longue période. Le principal effet est la formation d’une croûte autour (et qui au bout d’un certain temps remplace) la coquille. On en a acheté 1 pour goûter (oui, juste 1 et même en se le partageant à 3 on a pas fini, alors qu’on avait pris un des plus jeunes).
Une fois le dernier défi remplis (acheter du tofu), on s’est rendu en cuisine où on a rencontré le chef qui allait nous guider pendant notre découverte des méthodes de cuisine chinoises.
On s’est ensuite lancés dans la préparation des différents éléments des trois plats qu’on avait prévu de préparer :
- Les aubergines sauce poisson, mais sans poisson (c’est l’odeur de l’assaisonnement qui fait penser à une sauce au poisson).
- Le « mappo toffu », du toffu bouilli et une sauce au piment.
- Le porc croustillant, des lamelles de porc sautées avec des légumes verts, à mi-chemin entre les épinards et la salade.
On a commencé par les aubergines qu’il fallait cuire en deux fois, d’abord les faire bouillir puis les faire revenir au wok en faisant la sauce.
Puis on est passé aux oignons nouveaux, une autre des bases de la cuisine chinoise, et tout le monde s’applique !
Une fois les diverses préparations faites, on est passé à la cuisson et on a pu découvrir l’élément principal de la cuisine chinoise : le wok !
On l’a vraiment utilisé pour tout et pour tous les modes de cuissons.
Pour cuire les aubergines à la vapeur :
Pour faire revenir le toffu, avant d’ajouter les éléments de la sauce :
Verdict ? D’après le chef on s’est plutôt bien débrouillé ! Et en voyant les plats, on était assez fiers de nous :).
Les aubergines sauce poisson étaient aussi belles que bonnes.
Et même si je ne suis pas une grande fan du toffu, le mappo toffu était vraiment pas mal !
Une fois les plats cuisinés, on est passé à la meilleure étape : la dégustation ! Accompagné de petits gâteaux et de Baijo (un des alcools locaux) achetés sur le marché, on s’est régalé !
On a finalement quitté Lance à 20h00, après une après-midi bien remplie.
Lance nous a même commandé un taxi pour aller jusqu’à ma nouvelle auberge de jeunesse, dans un autre des quartiers de la ville où une soirée du nouvel an était organisée. Une fois sur place, il s’est avéré que la soirée n’était pas à l’auberge, mais dans un bar/boîte de nuit connu de Chengdu : le Jelly Fish Bar.
Après avoir joué au billard de l’auberge, on est partit en direction du fameux Jelly Fish Bar. Et on a rencontré la 1ère difficulté : aucun taxi disponible. Mais vraiment aucun ! Comme les chinois utilisent une application (dans le style Uber) pour réserver les taxis, ils étaient tous, soit déjà pris, soit déjà réservés quand ils nous passaient devant. Finalement, un papy au volant de sa cariole est passé et s’est arrêté. Grâce à un groupe de chinoises qui passait par là on a réussi à négocier qu’il nous amène jusqu’au Jelly Fish Bar. On s’est bien marré, sa cariole brinquebalante se faisant doubler à droite à gauche par toutes les voitures pendant qu’on était trimbalé à l’arrière sur des bancs à la stabilité douteuse (en atteste le flou de la photo).
Mais nos aventures étaient loin d’être finies ! Une fois arrivés à l’endroit où Maps Me indiquait le Jelly Fish Bar, et après avoir laissé notre chauffeur repartir, on s’est rendu compte qu’il s’agissait du Jelly Fish 2, alors que la grosse soirée du nouvel an était prévue au Jelly Fish 1. Haaaaaaa…
Sans se laisser abattre, on s’est replié sur un bar belge où on a trouvé des places au bar et on a commencé notre soirée du nouvel an !
A minuit pile en Chine (il était donc 18h en France), j’ai eu le plaisir (et la bonne surprise) d’avoir un appel de mes parents pour me souhaiter la bonne année, en prenant en compte le décalage horaire, et sans se tromper ! 2ème bonne surprise quand ils m’ont dit payer la bouteille de bulles si j’en trouve une (c’était ça le vrai challenge). Le temps de demander au patron du bar, qui, chose étonnante, en avait au moins une en stock (et au frais !), de négocier le prix, on a pu trinquer à la nouvelle année, presque comme à la maison.
Finalement, ayant sympathisé avec une des serveuses du bar, elle nous a proposé de venir avec elle au Jelly Fish 1 pour finir la soirée. Elle nous a commandé (et payé) un taxi jusqu’au bon endroit et on l’y a retrouvé (non sans un moment de battement quand on a pas compris que le chauffeur nous disait qu’on était arrivé).
Compte tenu du prix de l’entrée au Jelly Fish, on s’est rabattu sur la boite d’à côté où nos nouvelles amies se sont occupées des négociations. Et oui, il n’y a pas d’entrée à payer dans la majorité des boites chinoises, par contre il faut payer pour la table et les boissons. Compte tenu du prix qu’on a payé, je pense qu’elles avaient sacrément bien négocié (et bien mieux que tout ce qu’on aurait pu faire). Une fois à l’intérieur, blindé, on a eu notre table, rapidement couverte de bouteilles de bière et on a découvert la scène pour danser, assez étrange, elle bougeait avec un effet ressort au rythme de la musique, obligeant tout le monde à sauter en même temps. Sympathique, mais rapidement fatigant et pas très varié comme style de danse.
Finalement, c’est après une super soirée du nouvel an, pleine de rebondissements, que je suis rentrée me coucher à 6h30 le lendemain matin. Le temps de récupérer de ces folies nocturnes, je suis restée à Chengdu 2 jours de plus avant de reprendre ma route vers l’est et les montagnes sur la route du Tibet.